Le rêve américain n'existe plus ? Combien de fois ai-je entendu cette phrase ? Je ne partage pas cet avis.
Tout d'abord, qu'est-ce que le rêve américain aujourd'hui ? C'est la capacité à partir de zéro et réussir financièrement, au-delà du commun des mortels. Ce sont les notions d'"Equal Opportunities" et de "Meritocracy". Dans ce contexte, la réussite est principalement évaluée sur une base financière ou professionnelle. C'est discutable, j'en conviens, mais c'est une autre discussion. Je précise donc que je parle bien du rêve américain dans sa définition actuelle, pas historique.
Alors, est-il encore possible de réussir en partant de rien, "against the odds"? D'abord, quelques exemples assez récents que je trouve parlants. Je ne peux que commencer par le plus significatif pour moi : Barack Obama. Quelles étaient les chances qu'il avait, à la naissance, d'être un jour l'homme le plus puissant de la planète ? Élevé seul par sa mère, souvent par sa grand-mère et même parfois malheureusement obligé de manger grâce aux food stamps. Il est le plus pur produit du système scolaire américain qui pousse vers l'avant les élèves qui réussissent. Il a bénéficié de nombreuses aides liées à ses résultats scolaires exemplaires et a exercé de petits jobs sur les campus. Et il a avancé, avancé, été ingénieux, audacieux et... vous connaissez la suite.
Un autre exemple, un peu différent, est le fondateur de l'application Zoom : Eric Yuan. Il a eu son visa refusé 8 fois avant d'être enfin accepté, voilà qui donnera de l'espoir à certains qui galèrent dans l'obtention de ce sésame. Aujourd'hui, il est à la tête d'une fortune.
Une autre personnalité qui considère son parcours comme l'incarnation du rêve américain est l'acteur/gouverneur Arnold Schwarzenegger. Issu d'un petit village d'Autriche, il a connu un parcours époustouflant.
Alors, ce rêve américain est-il toujours possible ? Je ne parlerai que de ce que je connais : ma famille, les gens autour de moi. Ai-je vécu le rêve américain ? Je ne prétendrai pas que je viens d'une famille pauvre, mais clairement d'une classe moyenne (très) travailleuse. Suis-je riche ? Non, mais je vis bien, clairement mieux que si j'étais resté en France. Surtout, j'ai apprécié que mes enfants aient des possibilités extraordinaires liées à leur travail, à leurs efforts. Le système scolaire américain encourage l'initiative, l'autonomie, la prise de risque. Celui qui fait "the extra mile" est récompensé. J'en veux pour preuve les "full scholarships" que certains élèves que nous connaissons ont reçus pour des écoles prestigieuses : Harvard coûte une fortune... Oui, sauf si tu es très travailleur, que tu te défonces, que tu obtiens des résultats exceptionnels, auquel cas la facture peut être réduite à néant.
Dans le domaine du rêve américain, un autre critère me semble important : l'attitude face à la réussite d'autrui. Ici, pas de honte à gagner de l'argent, pas de pudeur avec cela. Dans le même ordre d'idées, les fameuses "charges sociales" ou "prélèvements obligatoires" ne tuent pas l'entreprise avant même qu'elle soit née. Et enfin, l'échec n'est pas stigmatisant : tu as échoué, "so be it", recommence.
Donc, oui, sans hésiter, selon moi, selon mon expérience, le rêve américain existe encore. Il est exigeant, car on n'a rien sans rien, mais il est exaltant.