Expatriation : pourquoi choisir Malte ou la Hongrie ?

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Publié le 2024-05-07 à 14:00 par Asaël Häzaq
Ils n'occupent généralement pas les rangs des meilleurs pays pour les expatriés. Pourtant, ils présentent des formalités d'entrée et de séjour bien moins contraignantes que celles d'autres pays davantage plébiscités, comme les États-Unis et le Canada. En quoi l'expatriation à Malte ou en Hongrie est-elle plus facile ? Quels avantages les expatriés et les futurs expatriés en retirent-ils ?

Les bons points de Malte et de la Hongrie

D'après l'étude de l'assurance internationale William Russell, il est plus facile d'émigrer en Hongrie, à Malte et en Autriche. Des trois, la Hongrie est même le pays le plus facile d'accès pour les expatriés, avec un score de 3,85/10. Malte suit de près (3,87/10). L'Autriche arrive non loin derrière (3,91/10). Pour obtenir ces résultats, l'étude s'appuie sur le nombre d'étrangers présents sur le territoire, les frais de visas estimés, le minimum de revenus exigés ou encore, le délai de traitement de la demande.

La Hongrie n'a pas une grande communauté de résidents étrangers (6,1 %), mais propose des frais de visas en moyenne moins élevés que les autres pays (à peine 58 livres sterling). Le revenu minimum demandé, près de 13 000 livres sterling, est lui aussi bien inférieur à celui des autres pays. Car à Malte, il faudra gagner au moins 28 000 livres sterling et payer 240 livres sterling pour espérer décrocher un visa. Il faut gagner encore plus en Autriche (39 034 livres sterling), mais les coûts du visa sont eux aussi moins onéreux (137 livres sterling). L'Autriche parvient cependant à gagner la bataille du temps. Elle propose des délais de traitement moins longs : 3 mois, contre 4 pour la Hongrie et Malte. Les étrangers y sont bien plus nombreux qu'en Hongrie (19,3 %), sans pour autant rivaliser avec Malte et ses 26 % d'étrangers.

Outre des facilités concernant les démarches d'immigration, quels sont les avantages de Malte et de la Hongrie ? Croissance économique, politique migratoire, perspective de carrière… Tour d'horizon des atouts de ces deux États.

Malte recherche des talents étrangers

On ne présente plus Malte. Le pays reste prisé par nombre d'entrepreneurs étrangers (notamment européens) pour sa fiscalité avantageuse. Les ressortissants européens bénéficient d'ailleurs de formalités administratives plus souples.

En 2017, Malte attirait déjà les entrepreneurs étrangers et ouvrait grand ses portes aux demandeurs d'emploi européens. C'était la solution de l'exécutif pour pallier un manque de main-d'œuvre dans tous les secteurs. À l'époque, l'île aux 400 000 habitants lançait une vaste campagne visant à attirer 20 000 chômeurs européens en 5 ans. En 2021, Malte compte plus de 115 000 résidents étrangers (chiffre : Institut national d'études démographiques). Les Italiens représentent la communauté la plus nombreuse. Ils sont actuellement 14 000, devant les Britanniques et les Indiens. Le Brexit a boosté l'immigration : les Français et les Italiens souhaitant apprendre l'anglais se reportent sur Malte, où les écoles d'anglais se multiplient.

Un État en pleine croissance

Moteur de sa croissance, l'immigration reste capitale pour l'économie maltaise. D'après le FMI, le PIB de l'île s'élève à 6,4 % en 2023. Le FMI a d'ailleurs classé Malte parmi les économies les plus solides d'Europe. Dynamique, l'île connaît le plein emploi (2,3 % de chômage en novembre 2023). Ce sont autant d'atouts pour les futurs expatriés. L'immigration permet aussi de relancer une natalité parmi les plus faibles d'Europe.

Le gouvernement a changé sa stratégie migratoire depuis 2021. Le nouveau plan pour l'emploi 2020-2030 promu par le ministre des Finances et de l'Emploi Clyde Caruana se concentre sur la main-d'œuvre étrangère qualifiée et très qualifiée.

Un nouveau permis de travail pour les talents étrangers non européens

Les travailleurs non européens hautement qualifiés peuvent également profiter de conditions facilitées, grâce au Specialist Employee Initiative (SEI), nouveau permis de travail mis en place depuis janvier 2024. Le SEI promet une procédure accélérée, avec délivrance du visa sous 15 jours ouvrables. Pour être éligible, le talent étranger doit être diplômé (licence ou plus, ou diplôme inférieur à la licence, mais avec au moins 3 ans d'expérience), avoir un emploi dans une entreprise maltaise, et gagner au moins 25 000 euros annuels. Les frais de dossier s'élèvent à 300 euros. Le SEI est valable 1 an, renouvelable 3 ans.

La Hongrie se tourne timidement vers les travailleurs étrangers

Contrairement à Malte, la Hongrie n'est pas connue comme une terre d'immigration (confèrent les chiffres de l'étude William Russell). Le Premier ministre Viktor Orbán, à la tête du pays depuis 2010, s'est lui-même défini comme un homme « anti-immigration ». Certes, les ressortissants européens peuvent venir travailler en Hongrie sans permis de travail, sous réserve de s'enregistrer auprès des autorités locales passés les 3 mois de séjour. Mais le pays n'a pas déployé de politique similaire à celle vue sur Malte.

Une ouverture progressive aux travailleurs étrangers

Changement (timide) de cap en 2021. Pour faire face au manque criant de main-d'œuvre, Viktor Orbán s'ouvre légèrement aux travailleurs étrangers. Le patronat pousse l'exécutif à faciliter la venue de travailleurs étrangers non européens. En septembre 2021, un décret permet aux ressortissants de plusieurs pays d'Europe du Sud-Est et d'Asie d'obtenir un visa de travail de 2 ans, renouvelable. Un an auparavant, l'État assouplissait déjà le recrutement dans plusieurs pays non européens, dont ceux d'Amérique du Sud et d'Asie.

Ces expatriés diplômés travaillent essentiellement dans le secteur industriel. Le 9 mars 2023, Orbán reconnaît que la Hongrie « aura besoin de 500 000 nouveaux travailleurs d'ici un ou deux ans. » Il promet cependant de prioriser l'emploi des Hongrois. Les étrangers ne seront là que pour « une période fixe ». Orbán veut rassurer sa base. Car certains se sentent floués par son revirement.

Hongrie : les secteurs qui recrutent

Outre l'industrie, la Hongrie recrute des étrangers dans le tourisme, l'hôtellerie, la restauration, les transports et l'agriculture. Les entreprises, dont de grands groupes installés en Hongrie (Samsung…) misent sur la main-d'œuvre étrangère, moteur indispensable de leur développement. Car la croissance du pays reste fragile. Elle recule même à -0,9 % en 2023, selon l'Institut central des statistiques de Hongrie (Központi Statisztikai Hivatal). La croissance observée courant l'été 2023 a été freinée par la conjoncture morose, notamment celle de l'Allemagne, partenaire industriel et commercial historique. Une situation de récession vite balayée par le ministre hongrois de l'Économie Mihály Varga, qui promet une croissance à 3 ou 4 % cette année.