Télétravail : un atout pour les entreprises ?

Vie pratique
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Publié le 2024-04-15 à 14:00 par Asaël Häzaq
Le travail à distance n'a pas fini de bouleverser le monde du travail. Et si le travail de demain se passait de bureau ? Et si les frontières n'étaient plus un frein à l'embauche ? Les entreprises qui se lancent dans l'aventure n'y voient que des avantages, surtout quand il s'agit de recruter et de retenir les talents étrangers.

Réduire les coûts

Oubliée, la vie de bureau. Dans un monde où les coûts du loyer ne cessent d'augmenter, se passer d'un bureau est un avantage indéniable pour les entreprises. C'est même l'un des premiers avantages auxquels elles pensent. Certes, la législation d'un pays peut imposer à l'entreprise de contribuer à l'achat du matériel professionnel de son salarié travailleur à distance. Mais les calculs sont vite faits. Pour les entreprises qui passent au tout « sans bureau », mieux vaut garder ses collaborateurs à distance que de les réunir tous dans des bureaux. Les économies réalisées s'apprécient au niveau du loyer et ruissellent sur tous les autres postes de dépense : plus besoin d'employer un service de ménage, de maintenance des appareils électroniques, d'approvisionnement (eau, café, snacks éventuels)…

Rassembler les talents

Attirer les meilleurs sans contrainte de visa. Voilà un autre avantage permis par le travail à distance. Qu'ils bougent au sein de leur pays ou aillent ailleurs, ces talents à distance sont un véritable plus pour l'entreprise. C'est surtout vrai dans les secteurs permettant un tel management ; dans les métiers de la Tech, par exemple. Ces secteurs qui s'arrachent les talents étrangers multiplient les initiatives pour attirer les meilleurs. Le salaire ne suffit pas toujours. Le cadre de travail et tous les avantages offerts avec l'activité arrêtent une décision. La possibilité de travailler à distance fait partie de ces avantages. Les talents étrangers sont libres de bouger où ils veulent ; le Canada reste une des destinations favorites des expatriés. Les États-Unis, les Émirats arabes unis (EAU), Singapour, le Qatar, l'Allemagne, la Suisse, ou encore l'Australie attirent nombre de talents étrangers.

Augmenter la productivité

D'après une récente étude de Localyze, agence aidant les talents étrangers à travailler à distance, 78 % des entreprises sondées travaillant justement avec des collaborateurs à distance notent une meilleure productivité de ces derniers. Ils observent, chez ces travailleurs à distance, de meilleures performances et, contrairement aux conclusions d'autres études, un meilleur attachement à l'entreprise. 66 % observent également que leurs salariés ont évolué sur le plan personnel. Ces deux aspects, hausse de la productivité au travail et amélioration du bien-être personnel, peuvent s'expliquer par les avantages que permet le travail à distance. Plus besoin d'aller au bureau, c'est l'entreprise qui vient à soi. Le gain de temps s'observe dès le début de la journée. Ces salariés à distance sont plus libres d'organiser leur temps.

Alors que d'autres études mettent en garde contre le risque de détachement, le rapport de Localyze note au contraire une intégration de la vie de l'entreprise dans l'emploi du temps du salarié. Intégration souple, qui offre une plus grande liberté pour le travailleur. D'où une meilleure implication et un attachement plus grand à l'entreprise. Le travailleur à distance est davantage responsabilisé et se sent plus responsable. Il est davantage mis en confiance et sent qu'on lui fait confiance. Ces facteurs combinés le rendent plus loyal envers son entreprise.

Augmenter la créativité

Quel rapport entre le travail à distance et la créativité ? A priori, aucun. Pourtant, la créativité est à la base du mouvement de travail à distance. Il faut bien être créatif pour penser, organiser et concrétiser le travail sans frontières. Quelles langues communes pour les différents collaborateurs ? Comment organiser les réunions ? Comment rendre le travail ? Comment limiter la pollution numérique générée par l'activité à distance ? Comment « faire entreprise » tout en étant séparés par des milliers de kilomètres ? Faut-il nécessairement connaître tous ses collègues ou juste ceux évoluant dans le même secteur ? la même région géographique ?

Toutes ces questions, les entreprises ne sont pas les seules à se les poser. Elles les posent aussi à leurs salariés. Car le travail à distance impose une nouvelle vision du travail. Les travailleurs à distance sont plus impliqués, car ils ont plus de responsabilités. Le sentiment de confiance joue aussi à ce niveau. Les risques d'absentéisme et de décrochage sont limités par le fait que le travailleur à distance a lui-même organisé son travail et sa relation avec l'entreprise. Cette créativité lui permet d'innover, tant dans son travail concret que dans sa conception du travail. Une émulation qui contribue également à l'entreprise.

Quelle(s) entreprise(s) pour demain ?

Plus de bureau, d'horaires fixes, de pause café avec les collègues. Dans un monde de l'intelligence artificielle (IA) et de dématérialisation des échanges, l'entreprise de demain pourrait bien suivre le mouvement et se débarrasser « du superflu ». Encore faut-il s'entendre sur la notion de superflu. On appréciera effectivement davantage cette dématérialisation dans des secteurs qui peuvent facilement se passer de bureau. Difficile en effet de concevoir un travail à distance pour assembler des voitures, faire du pain ou réaliser une coupe de cheveux. Cependant, même les secteurs qui pourraient se passer de bureau tiennent au retour en présentiel de leurs talents. Assiste-t-on à un phénomène contraire ? Faut-il y voir un retour en arrière ?

En réalité, il n'y a ni contradiction ni retour en arrière. Plusieurs systèmes cohabitent sans que l'un domine sur l'autre. Le monde des entreprises sans frontières vanté comme étant l'unique modèle de demain peut encore attendre. Même si les avantages sont là, des contraintes limitent l'exportation de ce modèle dans toutes les entreprises. D'autres soulignent l'importance de « faire corps » au premier sens du terme. La pause café via écrans interposés ne les enchante pas. Ils trouvent un réel intérêt à la traditionnelle pause café dans l'entreprise, moment où l'on se décharge et où l'on socialise.

Les partisans du tout dématérialisé avancent d'autres formes de socialisation, peut-être moins avec les collègues « en présentiel », mais davantage avec des connaissances en dehors du travail. Pour eux, cette forme de socialisation est non seulement compatible avec le travail à distance, mais en plus, accroît le sentiment de reconnaissance envers l'entreprise et donc, l'attachement à cette dernière. Le travailleur à distance a plus de temps pour ses amis et sa famille ; gain qui se traduira, pour l'entreprise, par des gains de productivité.