COVID-19 et expatriation en République démocratique du Congo

Bonjour à tous,

Le COVID-19 impacte forcément la République démocratique du Congo, entre aéroports fermés ou période de confinement dans certaines villes, voire le pays entier…
Nous souhaiterions avoir votre témoignage pendant cette période spéciale, savoir quelles sont les conséquences de cette pandémie sur votre expatriation ou projet d'expatriation en République démocratique du Congo.

La crise actuelle remet-elle en question votre projet d'expatriation sur le long terme ?

Si vous vivez déjà en République démocratique du Congo, envisagez-vous de rentrer dans votre pays d'origine ?

Comment vivez-vous cette période incertaine, surtout si vous êtes loin de vos proches ?

Avez-vous dû mettre fin à votre expatriation en République démocratique du Congo de manière inopinée ?

Paradoxalement, cette crise vous a-t-elle permis de vous rapprocher de certaines personnes ?

Quels sont vos projets pour la suite ?

Merci beaucoup pour vos retours.

En espérant que vous vous portiez bien.

Loïc

Le Covid en RdC a pris tout le monde au dépourvu, même si nous étions en train de voir la vague arriver. je pense que c'est très humain ca, on pense que ca va concerner tout le monde sauf soi même :p

Toujours est il que le premier cas, puis le second, sont arrivés en mars, et les écoles  et les frontières ont été fermées dans la foulée. Les belges, francais et toutes les autres nationalités ont commencé à regarder fébrilement vers leurs ambassades respectives afin de choper un vol. En effet, même si la maladie fait peur (très peu de lit en réa pour une ville surpeuplée à l'état sanitaire déplorable), ce qui craint le plus en cas de crise à Kinshasa, ce sont les émeutes. Ils ont en effet l'habitude de piller tout ce qu'ils peuvent, et si les évènements passés n'ont fait que très peu de victimes, beaucoup ont tout perdu. Bref les émeutes faisaient peur, la maladie aussi.

Les ambassades ont alors commencé à faire partir quelques avions. Pour les belges, les frais étaient fixés à 500$, avancés s'il n'était pas possible pour le rapatrié de les payer tout de suite. Conséquence, les billet étaient réservé, mais non payés les gens ne se sentent pas "tenu", et les avions sont partis à 70% de remplissage, la blague. On a vu aussi des scènes surprenantes de congolais du gouvernement agiter leurs passeports belge à l'aéroport en exigeant une place sur l'avion.
Pour les français, l'ambassade validait ou non la place demandée (liste de personnes prioritaires, puis moins prioritaires, etc) mais c'était à charge du voyageur de payer sa place (à prix gonflé mais somme toute honnête, environ 200$ de plus)
Les autres nationalités partaient comme ils pouvaient. Un amie espagnole a du faire 24h de voyage en passant par des escales improbables, pour un billet qui lui a couté un bras.

Pendant ce temps, à Kinshasa, le gouvernement annonça un confinement général et absolu avec une autorisation de sortie alimentaire tous les trois jours. Ruée sur les rares supermarchés. Explosion immédiat des prix. Les scènes de panique en France à coté font pâle figure. Grogne dans les quartiers à l'activité informelle pour qui le confinement est absolument absurde.
24h plus tard, alors que nous avions lutté sang et eau pour obtenir le dernier paquet de pâte à 20$ :p, le gouvernement lâche l'affaire, confinement annulé. La blague !

Finalement nous obtenons la possibilité de rentrer, ce qui soulage mon mari asthmatique, aussi mon regard sur la situation n'est plus forcément exact. En tout cas peu après, le gouvernement a annoncé un confinement absolu d'un seul quartier, le quartier économique de la ville, la Gombe. Là où vivent tous ceux qui gagnent plus de 1000$. Même pas la possibilité de faire ses courses, du coup les supermarchés, eux aussi dans ce quartier, s'organisent pour faire des livraisons. Plus personne ne peut y circuler sans autorisation, duement controlés par des barrages partout à l'entrée du quartier. Tout le monde ? Non ! Une partie de la population échappe encore et toujours à l'envahisseur Les chégés (enfants des rues) et autres mendiants circulent encore comme avant, mais évidemment il y a beaucoup moins de voiture à accoster.

Aujourd'hui, le quartier est encore confiné avec une autorisation pour les courses alimentaires, mais le gouvernement va réouvrir les écoles lundi 11 mai aussi je ne sais pas trop comment la situation va évoluer.

Toujours est il que, comme le reste de l'Afrique, le Congo ne semble pas avoir été particulièrement meurtri par la pandémie, même si on peut légitimement se poser des questions quant à leur capacité de dépistage.

Les vols sont encore interdits, les entreprises ont fait des coupes franches dans leur personnel et beaucoup ne vont pas s'en remettre avant un moment. Même le paquebot où travaille mon mari a du faire d'énormes concessions. Même mon mari d'ailleurs, bientôt sans salaire, jusqu'à ce que l'activité réouvre. C'est la face méconnue des jolis contrats avec des 0 partout : en cas de pépin on te lache du jour au lendemain, et si tu n'as pas prévu de quoi amortir ta chute tu n'as plus que tes yeux pour pleurer.

Mais nous sommes plutot optimiste quant à notre retour, cet été probablement, si les vols reprennent à peu près normalement.