L'envers de la carte postale burkinabée

Bonjour à toutes et à tous,

lorsque l'on se rend dans un pays pour du tourisme, on est souvent charmé par tout ce que l'on découvre.

Une expatriation est bien différente. Car si vivre à l'étranger est toujours une expérience très enrichissante, le parcours de tout expatrié comporte son lot de difficultés.

Aussi, quand on me demande des conseils sur la vie à l'étranger, je dis souvent qu'il faut savoir regarder la carte postale des deux côtés.

Vous qui êtes expatrié au Burkina Faso, comment décririez-vous les deux côtés de votre carte postale burkinabée?

Merci d'avance pour votre participation,

Julien

Bonjour Julien,
Je m'apelle Jean-Marc et je vis à Koudougou depuis 10 ans, au rythme de 8 à 10 mois par an.
Après avoir mené diverses missions associatives, je gère depuis 3 ans un petit restaurant.
Je voudrais d'emblée préciser quà mon sens il n'existe pas qu'un seul Burkina (comme partout d'ailleurs). Depuis les "beaux quartiers" de Ouaga, jusqu'aux villages les plus reculés, il y a un gouffre. Je donnerais donc mon intermédiaire  point de vue de Koudougoulais.
Pour un occidental, il me semble que le Burkina apparait d'emblée comme une terre de contradiction.
Contradiction entre l'ancien et le moderne, la tradition, la règle coutummière et l'administration, la législation, directement inspirées du système Français et en l'occurence inaplicable. Contradiction entre valeurs ancestrales de solidarité et argent roi, contradictions....
Au départ, ce Burkina aux multiples visages, aux mutiples époques, avec son agriculture médiévale et sa téléphonie du 21eme siècle, parait complexe à comprendre.
En réalité, les choses ici sont extrèmement simples, c'est plutôt que dans un premier temps, on refuse de les voir ou de les accepter (ou on n'est pas équipé pour, en terme de réflexion ou en terme d'égo).
L'une des choses qui apparait de façon simple, transparente, évidente, c'est le racisme!!!
Enfin, si l'on entend que la discrimination par la couleur de la peau est du racisme.
Evidemment, pour l'immense majorité des Burkinabés, cette discrimination se décline dans le positif, le super positif, la mythification du blanc... Le Nassara, sait tout, il a tout inventé, son argent ne finit jamais, son pouvoir est incommensurable.
Cet état de fait, si l'on en est pas totalement conscient, risque de surdimensionner notre égo.
Et puis il y a l'autre racisme, celui qui n'a pas digéré l'esclavage et la colonisation (on se demande bien pourquoi) celui qui, porteur d'un complexe d'inferiorité, renvoie tous les problèmes de son pays (ils sont nombreux et graves), de la sous région, de l'Afrique (conçue comme une entité unie) sur le dos des blancs, infames exploiteurs qui ont amené avec eux le vice et la perversion.
Si l'on rentre en discussion, on se rend vite compte qu'il sagit beaucoup plus de lutte des classes, de conflit exploité/profiteur, que de "lutte de races". Mais dans toute famille il y a des patrons exploiteurs, des douaniers corrompus, des élus véreux,... alors que l'on n'a aucun blanc, c'est tellement plus simple alors, tellement plus pratique!
Pour illustrer mes propos, qui peuvent paraitre abrupts et excessifs, je pourrais citer de nombreux exemples, celui-ci me parait  assez révélateur.
Le 25 déc 2011, suite à une altercation entre les employés du restaurant et des clients, nous (mon associé, qui est également blanc et moi-même) avons tenté d'intervenir pour calmer la situation. Celà a produit l'effet inverse, les clients ont commencé a frapper tout le monde et a nous abreuver d'injures racistes. Nous avons réussi à les faire sortir, mais 10 à 15 minutes après, ils étaient de retour, accompagnés d'une douzaine de personnes et envahissaient l'établissement aux slogans de "les blancs dehors, on veut pas de vous ici, vous n'avez pas à avoir un restaurant, on va tuer les blancs..." et quelques jolis amalgames "Vous avez tué Thomas, Justin Zongo c'est à cause de vous".
On s'est barricadé en attendant que ça passe, mais on n'en menait pas large. La police nationale refusant de se déplacer, c'est la gendarmerie qui a fini par arriver, suite aux appels d'un ami Burkinabé (oui, oui, j'ai aussi des amis au Burkina).
Suite aux dépot de plainte, l'affaire à suivi son cours auprès du tribunal de Koudougou. Après 11 audiences infructueuses, pour cause d'abscence des prévenus et ou l'on nous refusait le jugement par défaut, ils ont finalement comparu le 19 déc 2013 (2 ans)
Après un procès de 3h30 durant lequel nos agresseurs ont nié en bloc, l'affaire a été requalifiée de "coups et blessures volontaires" en rixe et les prévenus condannés.
Ils viennent de faire appel, l'affaire  sera donc rejugée à Ouaga dans... quelques temps.
Désolé de cette vision pessimiste, elle n'est évidémment pas unilatérale, je vis à koudougou et j'y suis heureux, la relation sociale, les relations humaines y sont fréquentes, riches, conviviales et pour la plupart sincères. Tout ce que j'ai de plus en plus de mal à trouver lors de chacun de mes séjours en France.
En espérant que mon point de vue négatif ne découragera personne.
Congratulation pour cette initiative.
J.Marc

Hum, hum,
Un an déjà et toujours pas la moindre intervention de qui que ce soit sur le thème...?
J'y suis allé un peu fort?
Je suis le seul à ressentir un verso?
Bon, désolé si par mon manque de "politiquement correct,  j'ai pu gâcher un débat, qui m'apparait pourtant essentiel.
Courtoisement,
J.Marc

Slt , non non,  juste la dure réalité je crois , j'ai très peu d,expérience encore, j'ai vécu certaine choses mentionné,surtout '' Le Nassara, sait tout, il a tout inventé, son argent ne finit jamais, son pouvoir est incommensurable.'' c,a peu devenir lourd à certain moment , et pour moi qui est Québecois , ou chaque article à son prix étiqueter , de négocier sans fin en tenant compte que le prix est triplé voir quadruplé pour les touristes , mais ne faisons nous pas de même chez nous ?

Votre article est très pertinent et il m,a appris.

Merci

le racisme est malheureusement présent quelque soit le pays ou l'on met les pieds...mais malgré tout on peut toujours s'éloigner de ceux qui sont guidés par leurs préjugés, tant négatifs que positifs....

Salut,
Ma position perso, quand la situation s'y prête,c'est plutôt d'essayer d'en causer et ce, systématiquement, avec tout le monde.
Avec les enfants et avec les vieux, avec les petits rastas et avec les flics, avec les gros bazinés et avec les mendiants, avec les intellectuels et avec ceux qui ne causent pas Français (si, si!!!)
J'ai quelques amis qui trouvent que : 1- j'ai un peu que ça à foutre    2- ça sert à rien dans 90% des cas
Et ils n'ont pas tout à fait tort, sur le 1 comme sur le 2.
Néanmoins, si je suis loin de porter avec moi la culpabilité de siècles d'esclavagisme et de colonisation, il n'en demeure pas moins que cet amas de préjugés a bien été construit par des blancs (de par le passé et encore de nos jours, dans des chasses privées par exemple), par leurs discours, mais surtout par leurs comportements.
Il m'apparait donc qu'aujourd'hui, la déconstruction de ces idées reçues, le combat contre les amalgames, sont des thèmes qu'il me semble essentiel de faire vivre.
Et le Burkina est une terre formidablement propice au débat. La pratique et le goût pour le rakire, donne rapidement du poids aux arguments de quiconque est capable de répartie.
Après, on est tous différents et chacun réagi à sa manière dans le sens qui lui semble le meilleur.
Personnellement, j'ai passé une grande partie de ma vie à combattre le racisme et les préjugés de tous ordres (c'était également lié à mes fonctions en France), c'est quand même pas pour en arriver aujourd'hui à me défiler en faisant semblant de ne pas voir et de ne pas entendre.
Quand j'entends "et le nassara, vient ici!!!", sur un ton péremptoire, je viens! Ça m'intéresse. On va en causer.
Bon, désolé d'être un peu long, je prends peut-être ça un peu trop à cœur.
Remerciements à technicriss et LunaC d'avoir enfin alimenté ce thème.
J.Marc

bonjour, effectivement vous avez raison, mais je pense que même en France c'est la même chose pour les étrangers qui veulent si installer, je pense même qu ils sont encore plus déçu que nous.
J'ai fait comme tout le monde, il y a trois ans en juin , je suis venue au burkina faso avec une association, j'ai adorée et comme je cherchais un pays ou m installer, apres 10 ans en république dominicaine, je  suis a koudougou à 100 km de ouaga  (bonjour jean marc!)
Malgres l envers de la carte postale comme vous le dites si bien, j'y suis bien et a moins que le destin le décide ,je vais y rester quelques année au grès du vent....
Évidemment depuis que j'ai monté un centre de loisirs avec parcours sportif et prêt de jeux gratuits aux consommateurs , après avoir été déçu de l asso , mes relations avec les (amis) ont  changé pas en bien évidement, l argent gâche tout c'est bien connu.   
Vous etes deja venu ici, ou vous avez l intention de venir ?
amicalement monique

Ca fait six mois que je suis à bobo et je n'y resterait pas ni même au burkina. Je suis déçue par le racisme latent la jalousie envers le blanc les arnaques . L'agressivité n'est ni physique ni verbales elle se trouve dans leurs regard leur attitude et les prix surgonfles. Je suis une femme seule et la ca passe très mal car il ne supporte pas l'autorité des femmes et il ne comprennent pas que je n'ai pas de mari. Quand aux expats ils vivent en cercle très fermé et ne vous regardent même pas. J'arrête là liste car elle serait trop longue tellement ma déception est grande et quitte à vivre dans l'indifférence je préfère la vivre en France. Je retourne chez moi.

Marilyne je te comprends et en mm temps je peux t assurer que tu n as pas rencontré le bonne personnes. Je suis femme, blanche et seule comme toi  et pourtant mes meilleurs amis sont ici au burkina , malgré que je sois immigrée ici. Soit patiente. Les meilleures relations ne sont pas les premières que tu va trouver, elle ne sont pas non plus celles que l on croisent dans les milieu fréquenté par les blancs, même si il ne faut pas mettre tt le monde dans le mm panier . quant aux arnaques, mm les burkinabè en sont victime. Dommage que tu sois à bobo,si tu passe par Ouaga j allais te proposer de me faire signe car ton impression me semble terriblement négative, cela serait dommage que tu quitte ce pays sans avoir pu réaliser tout ce qu il a d admirable

Un blanc est l'équivalent d'un billet de 10000 fr s cfa. Mille fois je me suis fait avoir à Ouaga ou ailleurs. On est au Burkina un pays gangrené par la pauvreté.  Alors dès que tu rencontres un autochtone, dis toi bien que lui n'a jamais connu le confort que tu as eu dans ta vie. Alors s' il peut t'arnaquer pour survivre, il ne va pas hésiter une seule seconde. Souvent j'ai eu des problèmes avec des personnes qui ne tiennent pas parole, qui veulent te vendre 10 fois le prix un article ou qui veut te vendre une parcelle, quoi quoi quoi. Maintenant ça fait 10 ans que je suis au Burkina, je fais souvent des allers et retours France Burkina et je suis devenu très méfiant,  ce qui n'était pas dans ma nature. Tiens, dernièrement j'ai donné 20000 fr s à un policier, sans reçu bien sûr,  sinon c'était la galère.  C'est leur nature, on a rien, mais pour aller boire la castel dans le maquis du coin, il faut l'argent. Et puis les blancs ont la réputation d'être de grands naïfs, pourquoi ne pas profiter d'eux. Je te comprend, pour s' adapter, ce n'est pas facile. Mais attention, j'ai beaucoup d'amis éduqués et avec un bon boulot au Burkina qui pensent la même chose que moi. Maryline,  tu n'es pas en France, l'Afrique, c'est une autre culture, un autre monde. Mais en tant que blanc, prépare toi, sinon tu est très déçu.
Il faut considérer tous ces aléas pour bien s'intégrer et garder le sourire malgré tout. Ce pays est beau, tu as du soleil, des musiciens exceptionnels et parfois on rencontré des gens extraordinaires.  Le problème numéro 1 au Burkina Faso,  c'est le manque d'éducation car l'école coûte trop cher.

je pense qu'il ne faut pas tout généraliser. blanc n est pas synonyme de compte en banque sur patte pour tout le monde. et j ai mis pied chez des burkinabés, qui seraient tres  enviés par nombre de blancs qui vivent en europe et qui bouffent des pates a longueur d année dans un studio crasseux.

au bout d'un certains temps, les gens qui cherchent a te fréquenter par interet, ou qui sont dans des délires noir / blanc la, tu les vois arriver de loin. faut juste faire le ménage

au dela de cela, a a un moment l'intégration passe aussi par arriver a dépasser ce sentiment la, d'être blanc et de se sentir systématiquement  considéré différemment. sinon a un moment donné y aura toujours blocage je pense.

et y a aussi une chose. quand tu es  homme ok c'est différent, mais quand tu es femme a un moment faut faire pardon. je connais une blanche qui m a dit une fois que quand elle vient au burkina et qu elle sort au restau avec ses amis c est elle qui paie. on n'a qu'a se respecter ici dehors, tu es homme,  et tu m'invites a manger ou a boire un verre, si tu vient ensuite me demander de payer la facture  la on va pas s'entendre...faut oublier mon numero meme....

Côté pile: les coupures de courant, le réseau qui passe pas, les fonctionnaires qui léoncent à l'administration, les nids de poule sur la circulaire, les vendeurs, clients, partenaires qui veulent te diendériser, la pluie qui te tape comme le serpent si elle t'attrappe en route, les grands musiciens qui font du play back, la poussière qui t'empêche de porter ton habit blanc , le kpakpatoya (affairage va nous tuer ici dehors), le palu qui nous guette

côté face: les amis qui sont devenus la famille, les blagues et le bon temps le soir autour d'une bière (ou 2 ou trois ou...je sais plus combien...), les confidences, les échanges, le soutien quand tu t'es en galère, la vie loin du "chacun chez soit on ignore l'autre",la temperature dehors, le RSP (riz soumbala au Poulet), le poisson braisé, brochettes, poulet grillé a l'ail etc. etc. la détermination d'un peuple (la patrie ou la mort, nous vaincrons), les opportunités (tellement de belles choses a faire ici), ...

....yiéé inspiration est finie je reviens apres la pub

LunaC a écrit:

et y a aussi une chose. quand tu es  homme ok c'est différent, mais quand tu es femme a un moment faut faire pardon. je connais une blanche qui m a dit une fois que quand elle vient au burkina et qu elle sort au restau avec ses amis c est elle qui paie. on n'a qu'a se respecter ici dehors, tu es homme,  et tu m'invites a manger ou a boire un verre, si tu vient ensuite me demander de payer la facture  la on va pas s'entendre...faut oublier mon numero meme....


Bonsoir,
J'avoue que je ne comprends pas ce que tu veux dire là. Tu peux expliquer stp.  ;)

juste dire que c'est un manque de savoir vivre pour un gars d'inviter une fille, et au moment de payer l'addition de lui demander de payer ou de faire facture séparée. est-ce la fille qui l'a envoyé l'inviter? ca ne se fait pas ici. tout homme qui se respecte ne va jamais inviter une fille burkinabè et accepter qu 'elle paie a la fin, ou lui demander de payer. donc si il accepte de faire ca avec blanche, ou avec benguiste, c'est que y a drap quelque part. autrement dit y a probleme

on s'entend, je ne parles pas des cas ou il s'agit d'amis proches, que vous vous voyez constamment et que tu paie la facture de temps en temps. ou bien quand vous faite sortie en groupe ou soirée et que là chacun cotise.

et ps, pour les admin qui s'occupe de la page burkina Faso: burkinabè en tant qu'adjectif est invariable, et s'écrit toujours avec un accent grave sans s et sans e

LunaC a écrit:

et ps, pour les admin qui s'occupe de la page burkina Faso: burkinabè en tant qu'adjectif est invariable, et s'écrit toujours avec un accent grave sans s et sans e


Exact, et c'est vrai aussi pour le nom Burkinabè, pas seulement pour l'adjectif qualificatif. Les deux ne s'accordent ni en genre ni en nombre.
Une Burkinabè (et surtout pas une Burkinabaise comme je l'ai vu écrit quelques fois, cela peut amuser mais cela peut aussi choquer).
Un Burkinabè.
Des Burkinabè.
Des habitudes burkinabè.

merci pour la précision Tiapalo ;)