Visa artiste : définition
Quelle est la différence entre un visa d'artiste et un visa de travail classique ? Tout d'abord, on rappelle qu'il existe en réalité plusieurs visas de travail (visa d'enseignant, de chercheur, de journaliste, d'investisseur…). Des visas spécifiques existent pour les diplomates, les sportifs et les artistes, parmi tant d'autres.
Le visa d'artiste concerne les professionnels qui fournissent leurs prestations ou leurs œuvres artistiques contre rémunération de leur client donneur d'ordre. Ils ne sont en principe pas liés par un contrat de travail. Le visa d'artiste leur permet cependant de bénéficier de protection sociale réservée aux travailleurs.
L'artiste peut également exercer son activité en tant que salarié. C'est le cas, par exemple, d'un étranger travaillant dans le pays d'expatriation sous contrat de travail mentionnant clairement l'activité de l'expatrié. L'entreprise devra aussi être en mesure de justifier sa situation en présentant, par exemple, sa licence d'entrepreneur de spectacle.
France, Belgique, Royaume-Uni, Canada, États-Unis, Corée du Sud, Émirats arabes unis… De nombreux États proposent un visa d'artiste. La définition et les modalités pratiques du visa peuvent différer selon les pays.
Pourquoi demander un visa d'artiste ?
Le visa d'artiste protège l'expatrié. Par exemple, un accord entre un organisateur de concert et un musicien assurant une prestation un ou plusieurs soirs ne sous-entend aucun lien de subordination entre l'organisateur de concert et le musicien. L'organisateur est le client qui peut, certes, signifier ce qu'il attend de l'artiste, mais sans avoir sur lui l'ascendant d'un employeur.
De son côté, l'artiste est libre de proposer et défendre son travail. Il organise son temps et son activité comme il le souhaite, et propose sa rémunération. En principe, il n'y a pas de contrat de travail. Mais le visa d'artiste permet au musicien d'être affilié à la sécurité sociale des salariés, et même, de prétendre à d'autres droits grâce à cette affiliation (le chômage, par exemple, eu égard aux dispositions du pays d'expatriation).
Artistes : quelles solutions pour s'expatrier sans visa dédié ?
À mesure que l'horizon se dégage, les artistes reprennent leurs activités. La tâche est néanmoins plus simple pour les gros artistes ; les plus modestes continuent de s'armer de courage pour se produire à l'étranger. Le visa d'artiste n'est pas un acquis dans tous les pays. D'autres visas permettent néanmoins de se produire à l'étranger. Comme toujours, tout dépend bien sûr des États. Il convient de toujours se renseigner en fonction du pays dans lequel on souhaite se produire, et son activité professionnelle.
Autres visas pour se produire à l'étranger
Les artistes désirant se produire à l'étranger peuvent opter pour le visa Schengen. On connaît pour les touristes, mais il permet également d'effectuer des voyages d'affaires ou de travailler sur une courte période. Dans tous les cas, ce visa permet de rester sur le territoire des États de l'espace Schengen durant 90 jours maximum tous les 6 mois.
Les visas de travail court séjour et long séjour peuvent aussi être utilisés par les artistes. On distingue ici l'artiste sous contrat de travail, et donc, employé par une entreprise de l'artiste à son compte. L'artiste sous contrat de travail effectue le parcours de l'expatrié sous visa de travail. L'artiste à son compte devra rassembler toutes les preuves de son activité : statut juridique de son entreprise, certificats, attestations, chiffre d'affaires, preuves de revenus.
Attention : chaque pays reste libre de définir le champ d'application de tel ou tel visa. Des lois peuvent encadrer les professions artistiques et les soumettre à l'observance de règles précises. Par exemple, la loi autrichienne autorise certaines catégories d'artistes étrangers (acrobates, musiciens, artistes télé…) sous contrat d'un jour à 4 semaines et se produisant dans le cadre d'un concert, d'un film, d'une performance, d'une émission de télé, etc., d'exercer sans permis de travail. Charge à l'employeur d'informer les Services d'emplois publics autrichiens (PES) des dates de la mission de l'artiste, preuve écrite à l'appui. L'artiste étranger viendra sur le territoire autrichien avec un visa Schengen.
Visa d'artiste : un parcours du combattant ?
Moins en vue que les autres visas (visa étudiant, visa de travail…) le visa d'artiste est pourtant une forme de visa de travail, l'artiste exerçant une activité professionnelle. Même lorsque l'État le délivre, il n'est cependant pas toujours simple d'obtenir un visa d'artiste. Bureaucratie, procédures longues et fastidieuses… C'est la raison pour laquelle le Japon a décidé d'assouplir ses règles pour accueillir davantage d'artistes, surtout les plus modestes. Car ce sont eux qui témoignent de difficultés plus grandes.
Conflits géopolitiques et refus de visa
De la scène d'artiste à la géopolitique, il n'y a parfois qu'un pas. En septembre 2023, la France est soupçonnée de refuser de délivrer des visas d'artistes aux professionnels venant du Niger, du Mali et du Burkina Faso. 3 États gouvernés par des juntes militaires. 3 États qui ont coupé leurs relations avec la France. Les artistes des pays concernés feraient les frais de ces conflits géopolitiques. Un courrier interne de la Direction régionale des affaires culturelles françaises aurait sommé aux organisateurs d'évènements culturels subventionnés par l'État de ne plus inviter d'artistes originaires de ces pays. Cette mesure serait dans la continuité de celle du 7 août, où l'État français suspendait la délivrance de visas aux ressortissants du Niger, du Mali et du Burkina Faso, officiellement, pour des raisons de sécurité. Mais le ministère des Affaires étrangères rétorque que les artistes ayant obtenu un visa avant le 7 août ne seraient pas concernés. Il affirme n'avoir incité aucune déprogrammation d'artistes étrangers.
Refus de visa : des nationalités plus touchées que d'autres ?
Ce n'est pas la première fois que la France est épinglée. Plusieurs cas relayés par la presse parlent de ces artistes étrangers refoulés à la frontière. En 2015, la demande de visa de l'artiste malienne Mariam Diarra est rejetée par la France au motif que « la volonté de quitter l'espace Schengen à l'expiration du visa n'a pas été établie ». En septembre 2022, la France refuse, puis accorde des visas in extremis à la troupe de théâtre Jouk Attamtil Al Bidaoui. Plus tôt, en juin, la cinéaste tunisienne Wafa Lazhari se voit refuser sa demande de visa. Elle devait venir présenter son film au festival d'Annecy.
D'autres pays, comme les Pays-Bas, sont aussi concernés par ces affaires de refus. Artistes et programmateurs dénoncent des appréciations arbitraires entre des consulats qui demanderaient des successions de pièces justificatives au gré de leurs envies. Au lieu de se concentrer sur leur art, les artistes passeraient plus de temps à régler les problèmes de visa. Des problèmes qui ont un coût : prix du visa, prix du billet d'avion, temps passé à fournir les justificatifs demandés… Du temps et de l'argent perdus pour des artistes qui n'hésitent pas à parler de discrimination. En France, les artistes africains seraient davantage concernés par les refus de visa.
Liens utiles :
France : passeport talent – profession artistique et culturelle
Canada : professions artistiques et arts de la scène
South Korea : culture and entertainment visa
Dubaï : creative talented accreditation (cultural visa)
United Kingdom : global talent visa
