L'impact des passeports puissants sur la mobilité internationale en 2024

Actualités
  • personne tenant un passeport
    Shutterstock.com
Publié le 2024-01-16 à 14:00 par Asaël Häzaq
Dans quels pays voyager sans visa ? Les ressortissants des États délivrant les visas les plus puissants peuvent se frotter les mains. Ils ont accès à près de 200 destinations sans visa. Quels enjeux pour la mobilité internationale ? Comment ces accords entre États affectent-ils l'expatriation ?

Passeports puissants : les 6 États forts de 2024

Allemagne, France, Italie, Espagne, Singapour et Japon. Voici donc les 6 États délivrant les passeports les plus puissants en 2024, avec 194 destinations accessibles sans visa (sur 227 dans le monde). Le cabinet Henley & Partners a établi son « Henley Passeport Index » annuel, basé sur les données de l'Association de transport aérien international.

Les pays d'Europe font une percée notable, avec 4 États sur 6 à la première position. De nombreux autres États d'Europe se retrouvent dans le top 10. La Finlande et la Suède sont 2e avec 193 destinations accessibles sans visa. L'Autriche, le Danemark, l'Irlande et les Pays-Bas sont 3e (192 destinations). Le Luxembourg, la Belgique, la Norvège, le Portugal et le Royaume-Uni sont 4e (191 destinations). La Grèce et Malte sont 5e (190 destinations). Domination de l'Europe, donc, et écarts très serrés entre les pays, plus serrés qu'en 2023. À peine 3 pays non européens figurent dans le top 5 : Singapour, le Japon (1ers), et la Corée du Sud (2e).

Le Japon conserve donc sa première place : mais en 2023, il était le seul pays à détenir le passeport le plus puissant, avec 193 destinations desservies sans visa. Singapour était 2e avec la Corée du Sud (192 destinations). Les pays européens restaient en bonne position. Ils se plaçaient dans le top 10 des pays proposant les passeports les plus puissants avec 190 à 183 destinations accessibles sans visa. Certains États, comme Malte et la Grèce bondissent du bas au milieu du top 10. En 2023, les deux pays sont 8e, avec 185 destinations ouvertes sans visa. Même percée pour la Belgique, qui passe de la 7e à la 4e place.

Nouveau creusement de l'écart avec les pays de l'hémisphère sud

L'écart se creuse encore. Les pays de l'hémisphère nord sont bien plus nombreux à délivrer des passeports puissants. Le constat était déjà établi en 2023. Selon les experts, la crise sanitaire et la crise énergétique n'ont fait que renforcer les écarts Nord/Sud. En 2023, aucun pays du Sud n'est dans le top 10, hormis la Nouvelle-Zélande (7e) et l'Australie (8e). Même constat cette année. La Nouvelle-Zélande et l'Australie améliorent leur position et accèdent à la 6e place du classement. À noter le bon positionnement de plusieurs États d'Amérique latine : Chili (15e), l'Argentine (16e), Brésil (17e) et Malaisie (12e).

En revanche, l'Afrique, le Moyen-Orient et l'Asie du Sud-est restent les grands oubliés des conventions d'exemptions de visa. L'Arabie saoudite est 61e, avec 89 pays accessibles sans visa. L'Inde est 80e (62 destinations). La Côte d'Ivoire est 83e (59 destinations). L'Égypte est 87e (55 destinations). Inutile de préciser que les États touchés par les guerres et/ou une forte instabilité politique et économique sont ceux délivrant les passeports les moins puissants. L'Iran, le Soudan du Sud, le Liban et le Nigéria sont 95e, avec 45 destinations ouvertes sans visa. Le Yémen est 100e (35 destinations ouvertes sans visa). Le Pakistan, l'Iraq, la Syrie et l'Afghanistan sont respectivement 101e, 102e, 103e et 104e avec 35 à 28 destinations ouvertes sans visa.

Ces écarts ont des conséquences directes sur l'expatriation. Fin des formalités de visa, gain de temps et d'argent, accroissement des voyages... C'est bon pour le tourisme et les affaires. Les ressortissants bénéficiant de passeports puissants peuvent voyager plus facilement dans plus de pays. Ils peuvent envisager d'y séjourner le temps de leur exemption, pour tester le pays étranger avant une éventuelle expatriation.

Année électorale 2024 : quels enjeux pour les exemptions de visa ?

Le classement des États délivrant les passeports les plus puissants a une incidence réelle sur l'économie. En effet, de nombreuses exemptions de visa sont autant d'accords conclus avec les États partenaires. Un État proposant d'un passeport puissant assure donc son rayonnement économique avec tous les pays partenaires. Ce rayonnement s'observe aussi bien au niveau diplomatique et macroéconomique (investissements directs étrangers, implantations de grandes entreprises, etc.) qu'au niveau microéconomique (circulation des individus, expatriation).

Si de grands écarts subsistent entre les régions du monde, le Henley Passeport Index retient les percées remarquées de plusieurs États. Entre 2014 et 2024, les Émirats arabes unis (EAU) ont gagné 44 places. C'est la plus forte progression en 10 ans ; ils étaient 55e en 2014. Ils sont au pied du top 10 (11e) cette année. Les EAU gardent une bonne avance sur le concurrent saoudien, et poursuivent leurs investissements pour confirmer leur position de « place forte » pour les ressortissants étrangers. La Colombie, l'Ukraine, Timor-Leste, la Chine, le Kosovo, Saint-Vincent et les Grenadines, le Peru et Grenade enregistrent eux aussi de fortes hausses sur la décennie : entre 24 et 13 places obtenues.

À l'inverse, le Venezuela, le Nigéria, le Yémen, la Turquie, la Syrie, la Russie, le Sénégal, l'Afrique du Sud et le Mali enregistrent les baisses les plus importantes, avec 12 à 21 places perdues. Moins d'exemptions de visa donc, pour des pays marqués par une importante crise économique, des troubles politiques, des guerres ou menaces de conflits, ou encore, une position fragilisée sur la scène internationale.

Quelle sera la carte des exemptions de visa 2024 ?

Cette année est l'année électorale par excellence, avec des élections prévues dans plus de 60 pays, pour plus de 3 milliards d'électeurs attendus aux urnes. L'incertitude reste grande pour les experts, qui s'attendent à des conséquences fortes, non seulement côté économie, mais aussi et surtout côté démocratie. Car derrière les passeports puissants et les passeports faibles se joue une liberté fondamentale : la libre circulation des personnes.