Dilemme post-Brexit : les pays de l'UE abordent les défis des expatriés britanniques

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Publié le 2023-11-29 à 12:00 par Asaël Häzaq
Si l'on s'attarde souvent sur la situation des expatriés au Royaume-Uni depuis le Brexit, celle des expatriés britanniques en Europe interroge tout autant, surtout lorsqu'ils résident sur le territoire européen. Des États membres de l'UE offrent une main tendue pour tenter de contrer les effets du Brexit. Décryptage.

Brexit : le casse-tête des expatriés britanniques

En décembre 2022, une étude d'Eurostat révèle qu'entre janvier 2021 et septembre 2022, 2285 Britanniques ont reçu des ordres d'expulsion émanant de pays européens, dont la Suède (1050), les Pays-Bas (615), Malte (115), la France (95), la Belgique (65), le Danemark (40), l'Allemagne (25) et l'Autriche (10). En effet, les accords passés entre le Royaume-Uni et l'Union européenne (UE) prévoyaient une éligibilité à la résidence permanente pour les ressortissants britanniques résidant légalement dans un pays de l'UE. Un accès à la résidence permanente automatique dans 14 États, notamment l'Allemagne, l'Espagne, Italie et le Portugal, mais pas dans tous les pays.

Les autres États imposaient aux Britanniques de déposer une demande de résidence permanente, comme n'importe quel autre résident étranger. Chaque pays établissait librement ses règles et ses délais. Les ordres d'expulsion s'expliqueraient en grande majorité par un oubli des ressortissants britanniques. Mais les avis d'expulsions, eux, sont bien réels. Certes, les chiffres d'Eurostat ne semblent pas distinguer les arrivées avant le 1er janvier 2021 (date d'entrée en vigueur du Brexit) et après. Ces expulsions sont néanmoins un signe visible des conséquences du Brexit.

Brexit et perte de la citoyenneté européenne : les conséquences

Le Brexit a également eu des conséquences sur la vie des Britanniques impliqués dans la vie politique locale de leur ville de résidence. Car en quittant l'Union européenne (UE), le Royaume-Uni a privé ses ressortissants de la citoyenneté européenne. Citoyenneté européenne grâce à laquelle ils pouvaient voter et être élus aux élections municipales et à celles du Parlement européen. D'autres droits sont attachés à la citoyenneté européenne, comme le droit de circuler, de séjourner, de travailler et d'étudier sur le territoire européen. Les ressortissants européens peuvent en effet circuler sans visa ; ils peuvent également venir chercher du travail dans un autre État membre de l'UE, et même bénéficier de prestations sociales.

Comment contrer, sinon diminuer les effets du Brexit ? La situation, problématique pour les ressortissants britanniques, l'est aussi pour les pays de l'UE, surtout ceux accueillant une forte communauté britannique. C'est le cas de l'Espagne, qui, avec le soutien de la France, tente d'assouplir les règles pour les immigrés britanniques.

Assouplir les règles Schengen

Dans le viseur du ministre espagnol du Tourisme, les règles de Schengen. Elles imposent à tout citoyen non européen un droit de séjour maximum de 90 jours dans une période de 180 jours. Un visa long séjour existe (6 mois maximum), mais la procédure est contraignante. De nombreux résidents britanniques jetteraient l'éponge devant les lourdes démarches de visa, quitte à renoncer à leur séjour.

Pour le ministre espagnol, c'est une mauvaise nouvelle : les touristes et les résidents britanniques jouent un grand rôle dans l'économie espagnole. Les touristes britanniques constituent en effet près de 30 % des touristes en Espagne. D'où la proposition espagnole de simplifier les règles Schengen pour les Britanniques. L'Espagne compte sur la France pour appuyer son dossier.

Impossible en effet de légiférer seul. C'est au niveau européen que les règles pourront bouger. L'Espagne exhorte les autres États européens à se ranger à son point de vue, et à faire « une exception » pour Britanniques. L'effort est salué par les autorités britanniques, qui œuvrent aussi pour simplifier la vie de leurs ressortissants touristes et propriétaires à l'étranger.

Accorder le droit au visa de long séjour

De son côté, la France réfléchit à une modification de sa loi sur l'immigration, pour ouvrir automatiquement le droit à un visa de long séjour aux propriétaires britanniques de résidences secondaires en France. Une manière d'attirer les ressortissants britanniques et de renforcer les liens avec le Royaume-Uni. Espagne, France et Royaume-Uni travaillent justement de concert pour réchauffer les relations post-Brexit. Il n'est définitivement pas question d'une séparation nette, mais de ponts construits pour assurer la continuité des échanges.

Si ces mesures étaient adoptées, elles donneraient un nouveau ton à la politique internationale depuis le Brexit, et pourraient inciter d'autres États européens à assouplir leurs règles pour attirer les ressortissants britanniques, surtout les plus aisés.