Hausse du coût des études : une incitation à étudier à l'étranger ?

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Publié le 2023-10-24 à 14:00 par Asaël Häzaq
La reprise de la mobilité étudiante fait-elle les frais de la crise inflationniste ? La hausse des prix observée dans de nombreux pays plombe le budget des étudiants. Beaucoup ont déjà subi les conséquences de la crise sanitaire, avec la difficulté d'exercer un petit boulot, et donc, de faire des économies. Devant un coût des études de plus en plus élevé, faut-il aller se former ailleurs ? Étudier à l'étranger peut-il coûter moins cher ? Comment les étudiants concilient-ils coût et qualité de la vie ?

Quand l'inflation fait flamber le coût des études  

Comme de nombreux autres habitants, les étudiants ne sont pas épargnés par la crise inflationniste. Car c'est bien à cette crise que l'on doit l'envolée du coût des études. Crise dépendant elle-même (en partie) de facteurs géopolitiques. Les conséquences de la pandémie continuent de peser sur les États, à des degrés certes différents. La guerre en Ukraine continue de mettre à mal les économies, à commencer bien sûr par l'économie ukrainienne. 

En juillet 2023, l'inflation sur un an s'établit à 2,05 % aux Émirats arabes unis, 3,2 % aux États-Unis, 3,3 % au Canada, en Israël et au Japon, 4,3 % en France et 4,5 % à Singapour. L'inflation fragilise toujours les économies kenyane (+7,3%), allemande (+6,17 %) et suédoise (+9,3 %). En Algérie, le taux d'inflation frôle les 10 %. Il avoisine les 20 % en Hongrie. En Turquie, il frise les 50 % symboliques. L'Argentine, habituée à vivre avec une inflation faramineuse, affiche un taux de 113 %. Le Liban s'enfonce un peu plus dans la crise, avec une inflation record à +252 %. Bien d'autres pays sont encore touchés par l'inflation, à des degrés divers. Le monde flambe, et les gouvernements tentent d'éteindre les incendies, avec plus ou moins de réussite.

Car les conséquences de l'inflation se font ressentir au marché, à la supérette, à la station-service, chez le médecin, dans le métro, le bus et le train, chez le coiffeur, le libraire, le vendeur de fruits et légumes, et jusqu'à l'intérieur du logement. Les étudiants dont le pouvoir d'achat est bien souvent plus faible que les autres catégories de population sont particulièrement fragilisés par cette crise au long terme.

Coût des études : dans quel pays étudier ?

Et si l'inflation figurait désormais comme un critère pour choisir son établissement à l'étranger ? Une récente étude de la néobanque N26 classe les États-Unis comme le pays le plus cher pour les étudiants. Une année universitaire coûte en moyenne 27 091 euros, avec d'importants écarts selon l'université, le niveau d'étude et le domaine choisis. Les Émirats arabes unis occupent la deuxième position (12 535 euros en moyenne, pour une année universitaire). L'Angleterre est troisième (11 405 euros en moyenne). Le Canada, pays star des étudiants étrangers, est 7 (9176 euros). L'Allemagne, également plébiscitée par les étudiants étrangers, affiche un coût moyen bien plus compétitif (499 euros en moyenne - 39e position). 

Faut-il donc lâcher les États-Unis et le Canada et leur préférer l'Allemagne, la Norvège (43e) ou la Turquie (45e) ? Étudier dans un pays au coût de la vie réputé moins cher est-il forcément une bonne affaire ?

Avant de changer ses projets d'expatriation, une étude plus approfondie des coûts pour les étudiants s'impose. Tout d'abord, l'étude de N26 précise que seuls les frais de scolarité pour les citoyens du pays, la qualité des universités, l'accessibilité financière et les salaires que les jeunes diplômés peuvent espérer gagner sont pris en compte pour classer les pays. Rien donc sur le coût des loyers, des transports, des soins de santé, de l'alimentation, etc.

Très chers frais de scolarité

Certes, les frais de scolarité affichent également des hausses. Des hausses encore plus importantes pour les étudiants étrangers (qui paient des frais bien plus élevés que les locaux). Hausses en partie expliquées par le contexte inflationniste, mais aussi dues aux stratégies des états. Ainsi, des universités australiennes continuent d'augmenter les frais de scolarité pour les étudiants internationaux (entre 2 et 4 % selon les universités). 

Car les étudiants internationaux constituent une véritable manne pour les États. Le Royaume-Uni le reconnaît : entre 2021 et 2022, 21 % du revenu des universités britanniques provenait des frais de scolarité des étudiants étrangers. La Chine s'engouffre elle aussi dans la brèche, et annonce des hausses de frais… tout en assurant rester bien plus compétitive que les autres grands pays étudiants. La France aussi fait grimper la facture. D'un côté, les bourses scolaires pour les familles françaises résidant à l'étranger vont baisser (les familles les plus précaires seront néanmoins épargnées). L'État français augmente également les frais de scolarité pour les étudiants étrangers, mais indique augmenter les bourses pour les étudiants étrangers les plus précaires, tout en reconnaissant que seuls 5,5 % des étudiants étrangers bénéficient actuellement d'une bourse.

La France justifie néanmoins la hausse des frais de scolarité, indispensables, selon elle, pour « améliorer l'accueil » de ces étudiants internationaux. Elle rappelle de plus que les États-Unis et leurs frais de scolarité exorbitants ne découragent pas les étudiants expatriés. Le pays reste en effet le grand favori des étudiants étrangers. 

Coût de la vie et qualité de la vie 

Et la qualité de vie ? Devient-elle un luxe lorsqu'étudier à moindre coût est le principal critère motivant l'expatriation ? Toujours d'après l'étude de N26, Prague, Tokyo et Amsterdam sont les 3 villes présentant la meilleure qualité de vie pour les étudiants. L'étude a comparé le coût du loyer, de l'alimentation, des transports et des autres dépenses des étudiants. Elle a également intégré l'aspect sécurité, la vie nocturne et la culture. Madrid arrive en 4e position, devant Reykjavik, Berlin et Édimbourg. Le classement N26 des villes en fonction de la qualité de la vie n'a plus rien à voir avec celui des coûts universitaires. Les villes européennes dominent largement le classement. Il faut descendre à la 15e place pour revoir une ville non européenne (Singapour). Il faut ensuite attendre la 29e position pour voir la première ville américaine (New York). New York, l'une des villes les plus chères pour les expatriés.

Bien entendu, les étudiants étrangers les plus favorisés continueront de se rendre dans les établissements de leur choix. Les autres s'endetteront plus qu'auparavant pour poursuivre leurs objectifs. D'autres encore seront stoppés, faute de moyens financiers conséquents. La crise économique mondiale frappe sans surprise les étudiants les plus précaires.

D'autres critères non quantifiables jouent aussi sur le choix du pays d'étude. Va-t-on rester dans un pays qui ne convient pas, mais qui offre un coût des études moindre ? L'attachement avec le pays d'accueil n'est pas à minimiser. L'expatriation sera mieux vécue dans un pays que l'on apprécie. Langue, la vie du quartier ou l'environnement sont autant de paramètres jouant sur la qualité de vie des étudiants étrangers.