Comment les étudiants internationaux choisissent-ils leur destination d'études ? 

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Publié le 2023-10-16 à 10:00
IDP Connect, une société d'orientation scolaire, a récemment publié son rapport Emerging Futures 3. Elle y analyse les destinations préférées des étudiants étrangers et y détaille les raisons de leur choix. Le Canada se classe en tête des destinations préférées, suivi de l'Australie, des États-Unis et du Royaume-Uni. La qualité de l'enseignement, les possibilités de travail après les études et la sécurité sont apparues comme les facteurs-clés dans leur choix de destination.

Un enseignement de qualité et des opportunités d'emploi : les priorités des étudiants internationaux

L'enquête a été réalisée auprès d'un vaste échantillon de recherche englobant plus de 21 000 étudiants étrangers éventuels ou actuels. Ils venaient de plus de 100 pays, avec une grande majorité originaire du Nigeria, de l'Inde, de la Chine et du Ghana - quatre grands pays qui tirent le secteur de l'éducation internationale de nombreux pays d'accueil. Près de 60 % des répondants à l'enquête sont des étudiants de troisième cycle, un quart seulement étant des étudiants de premier cycle. Les autres suivaient des cours de formation professionnelle ou d'orientation (c'est-à-dire des cours de préparation à un diplôme). 

Ces étudiants ont été interrogés entre février et mars 2023. 61 % d'entre eux ont désigné la qualité de l'enseignement comme étant le premier facteur dans le choix d'une destination d'étude. 53 % ont accordé la priorité aux opportunités de carrière après l'obtention de leur diplôme, qui se présentent généralement sous la forme de visas de travail post-études. 72 % ont signifié leur intention de demander ce type de visas et près de la moitié d'entre eux (44 %) affirme même qu'ils changeraient d'avis sur une destination dans le cas d'une réduction de la durée des droits au travail après les études. 65 % des étudiants sondés souhaitent réellement acquérir une expérience professionnelle à l'étranger grâce à ce type de visa, qu'ils veuillent ou non s'y installer de manière définitive.

La tolérance et la sécurité sont essentielles pour près de la moitié des étudiants sondés. 47 % d'entre eux ont accordé la priorité à la réputation du pays de destination en matière de sécurité pour les étudiants étrangers et 43 % ont accordé la priorité à son ouverture à l'égard des personnes de cultures différentes. Le niveau de soutien accordé par les établissements aux étudiants internationaux est également important pour 43 % d'entre eux, et il est étroitement lié à la possibilité de trouver un emploi à temps partiel pendant les études (45 %). En effet, 81 % des personnes interrogées travaillaient déjà à temps partiel ou projetaient de le faire, même si relativement peu d'entre elles (31 %) comptent ou prévoient de s'en servir comme leur principale source de financement.  

Canada: prisé pour la qualité de son enseignement, son coût abordable, sa réputation de tolérance et ses opportunités d'emploi 

Le Canada s'était déjà imposé comme la destination préférée des étudiants étrangers dans les rapports précédents d'ICP Connect pour 2021 et 2022. Les positions des autres pays ont fluctué, mais le Canada est toujours resté en tête du classement. Dans cette nouvelle enquête, le Canada est le premier choix de 27 % des étudiants étrangers, le deuxième choix de 21 % et le troisième choix de 18 %. 

Qu'est-ce qui rend le pays si populaire ? Il abrite de nombreuses universités d'excellence, dont 28 figurent au QS World University Ranking 2023. Il s'agit notamment de l'Université de Toronto, de l'Université McGill, de l'Université de la Colombie-Britannique et de l'Université de Montréal. Certains étudiants étrangers choisissent d'étudier en dehors des grandes villes canadiennes pour bénéficier d'un coût de la vie moins élevé. Les provinces plus rurales comme Terre-Neuve-et-Labrador disposent également d'excellents établissements d'enseignement, par exemple, L'Université Memorial de Terre-Neuve, et offrent souvent plus de perspectives de carrière, car elles sont davantage impactées par la pénurie de main-d'œuvre à l'échelle nationale.

Les frais de scolarité au Canada restent relativement abordables en comparaison aux frais imposés dans d'autres pays très développés. Cela s'explique en partie par le taux de change assez favorable entre le dollar canadien et les monnaies des pays en développement. Par exemple, 1 dollar américain vaut environ 460 nairas nigérians alors que 1 dollar canadien vaut 340 nairas.  

Selon le site EduCanada, les frais de scolarité annuels moyens pour les étudiants étrangers dans le pays sont de 36 100 dollars canadiens (27 000 dollars américains) pour les étudiants de premier cycle et de 21 000 dollars canadiens (15 500 dollars américains) pour les étudiants de troisième cycle. À titre de comparaison, aux États-Unis, les étudiants étrangers inscrits dans des universités publiques paient en moyenne 26 000 dollars de frais de scolarité, et ce montant est encore plus élevé dans les universités privées. Les étudiants qui préparent une maîtrise, qui bénéficient rarement de financements comme les doctorants, paient généralement des frais de scolarité de plus de 30 000 dollars américains aux États-Unis. 

Ajouté à cela, comme le fait ressortir CIC News, les aides financières privées sont très accessibles au Canada, car les étudiants étrangers n'ont pas besoin d'un cosignataire local pour contracter un prêt étudiant auprès d'une banque privée canadienne. Ils sont également éligibles à un nombre limité de prêts auprès du Programme canadien de prêts aux étudiants mis en place par le gouvernement. Et comme c'est le cas dans la plupart des pays, ils peuvent également travailler à temps partiel 20 heures par semaine pour pouvoir financer leurs études. 

L'étude IDP Connect a révélé que les opportunités d'emploi étaient la deuxième préoccupation majeure des étudiants. Le Canada dispose d'ailleurs d'un programme bien défini reliant les études et le travail. Bien que la voie pour obtenir une carte verte aux États-Unis en tant qu'ancien étudiant soit souvent délicate et compétitive, les étudiants étrangers au Canada ont une idée beaucoup plus claire de la procédure à suivre pour obtenir la résidence permanente. 

Après l'obtention de leur diplôme, les étudiants étrangers au Canada peuvent demander un permis de travail post-universitaire, le Post-Graduate Work Permit (PGWP), d'une durée de 1 à 3 ans. Lorsque la date d'expiration de ce permis est imminente, ils peuvent opter pour l'un des visas de travail permanents suivants : Entrée express (Express Entry), Programme des candidats des provinces (Provincial Nominee Program) ou Programme d'expérience du Québec (Quebec Experience Program). Tous ces programmes accordent des points supplémentaires aux études et à l'expérience professionnelle au Canada.

Le pays jouit également d'une réputation internationale en matière de sécurité et de tolérance. Une enquête réalisée en 2022 par le Bureau canadien de l'éducation internationale a révélé que près de 80 % des personnes interrogées considéraient l'aspect sécuritaire comme l'attrait principal du pays. Des villes comme Toronto et Vancouver comptent parmi les plus multiculturelles du monde. Et même s'il y a eu des incidents isolés comme l'attaque mortelle à la camionnette de Toronto en 2018, les taux de criminalité violente ont tendance à demeurer faibles.  

Le gouvernement canadien a toujours été favorable à l'immigration, comme en témoigne l'augmentation annuelle des objectifs du pays en matière d'immigration (465 000 en 2023, 485 000 en 2024, 500 000 en 2025...). D'autres pays ont adopté des positions plus hésitantes à l'égard de l'immigration, voire des politiques carrément xénophobes, ce qui contribue à renforcer l'image de stabilité du Canada. 

Australie : populaire pour ses excellentes dispositions sur le travail à temps partiel et de travail après les études

L'Australie a sans doute les meilleures dispositions en matière de travail à temps partiel et de travail après les études parmi les destinations préférées des étudiants internationaux. Le pays est confronté à une grave pénurie de main-d'œuvre depuis la pandémie de Covid-19. Pour pallier ce phénomène, le gouvernement australien a augmenté le nombre d'heures que les étudiants actuels et le nombre d'années que les diplômés étrangers peuvent travailler. Il s'agit probablement d'une mesure temporaire qui devrait être annulée lorsque la pénurie de main-d'œuvre aura été réglée. 

Depuis juillet 2023, les étudiants peuvent travailler à temps partiel jusqu'à 48 heures par quinzaine. L'année dernière, ils ont été autorisés à travailler un nombre d'heures illimité. Même si un plafond a été rétabli, il reste plus élevé que le plafond de 40 heures qui existait avant 2022. Il est également plus élevé que le plafond de 20 heures par semaine (soit 30 heures par quinzaine) en vigueur dans la plupart des autres pays. 

Les droits de certains étudiants étrangers en matière de travail post-études ont également amélioré. Ceux qui étudient dans des domaines gravement touchés par la pénurie de main-d'œuvre sont désormais autorisés à travailler pour une durée de 4 à 6 ans après leurs études au lieu de 2 à 3 ans. Cela concerne principalement les étudiants en agriculture, en ingénierie, en sciences de la santé et en éducation. Les titulaires d'un diplôme peuvent travailler pendant 4 ans. Pour un master il faut compter 5 ans, et pour un doctorat dans n'importe quelle discipline (même non-prioritaire), la durée est de 6 ans. 

Le sondage d'IDP Connect a démontré que les opportunités d'emploi sont la deuxième priorité des étudiants étrangers et, à cet égard, les dispositions australiennes ont clairement un avantage concurrentiel. Il s'agit du premier choix de 23 % des étudiants interrogés et le deuxième choix de 18 % d'entre eux. À l'issue de la période de travail post-études, les étudiants peuvent faire une demande un visa de travail permanent, à l'instar du visa d'indépendant qualifié (« Skilled Independent Visa ») ou le « Regional Sponsored Migration Scheme ». 

Ces possibilités de travail peuvent justifier l'investissement dans une éducation australienne, même si le prix est très élevé - en effet, parmi tous les pays figurant dans l'enquête, l'Australie est la destination la plus chère pour les études à l'étranger. L'étude réalisée par HSBC en 2022, intitulée « Value of Education : Springboard for Success » de HSBC a révélé qu'une année d'études en Australie coûte en moyenne 42 000 dollars américains, soit environ 65 000 dollars australiens. 

L'Australie compte de nombreuses universités prestigieuses, dont 24 figurent dans le classement mondial des universités QS 2023. Il s'agit notamment de l'Université nationale australienne, de l'Université de Melbourne, de l'University of Sydney, de l'Université de Nouvelle-Galles du Sud et de l'Université du Queensland.

Les universités les plus prestigieuses se trouvent généralement dans les grandes villes, mais, comme au Canada, étudier en dehors de ces grandes métropoles vous permettra non seulement de dépenser moins d'argent au quotidien, mais aussi d'obtenir facilement des visas de travail spécifiques qui n'existent que pour ces régions particulièrement touchées par les pénuries de main-d'œuvre. Le « Regional Sponsored Migration Scheme » susmentionné est l'un des visas grâce auquel les employeurs basés dans la région de l'Australie peuvent parrainer des expatriés. Parmi les universités bien connues de la région, citons l'Université Charles Darwin dans le Territoire du Nord, l'Université Edith Cowan en Australie occidentale et l'Université de Tasmanie. 

Il serait peut-être préférable de choisir l'Australie régionale car les grandes zones métropolitaines sont actuellement confrontées à une crise du logement et du coût de la vie. Les médias australiens rapportent que des villes comme Melbourne, Sydney et Perth voient leurs loyers augmenter de façon significative. Le média ABC News indique que des étudiants étrangers ont été informés de hausses soudaines de 200 à 300 dollars de leur loyer hebdomadaire, tandis que d'autres peinent à trouver une chambre disponible. Cette situation est à l'origine d'une grande détresse chez les étudiants étrangers, voire de troubles anxieux et de dépressions.

Les États-Unis ont surpassé le Royaume-Uni par rapport à l'enquête de 2022

En 2022, IDP Connect a publié le deuxième rapport de la série « Emerging Futures ». Le Royaume-Uni y était classé troisième destination d'études préférée. Toutefois, dans le rapport « Emerging Futures 3 », les États-Unis sont légèrement plus populaires que le Royaume-Uni. 21 % des personnes interrogées ont choisi les États-Unis en premier lieu, contre 18 % pour le Royaume-Uni. 23 % ont choisi les États-Unis comme deuxième choix et 18 % ont choisi le Royaume-Uni comme deuxième choix. 

Les deux pays disposent d'un grand nombre d'universités parmi les plus prestigieuses du monde et ont tendance à dominer les classements. Après l'Australie, ce sont également les deux destinations les plus chères pour étudier à l'étranger. Le rapport susmentionné de HSBC indique qu'une année d'études aux États-Unis coûte en moyenne 35 000 USD et une année d'études au Royaume-Uni 30 000 USD (environ 25 000 livres sterling). Les aides financières totales ou partielles sont plus facilement accessibles auprès des universités privées américaines, tandis que les bourses sont plus rares et plus compétitives au Royaume-Uni. Bien évidemment, comme c'est la norme, dans les deux pays, les étudiants étrangers peuvent travailler jusqu'à 20 heures par semaine pour financer leurs études. 

Qu'en est-il des droits au travail après les études ? Même si les États-Unis ont été préférés par les personnes interrogées, le Royaume-Uni dispose en fait d'un meilleur visa post-études. Le « Graduate Visa » britannique permet à tous les diplômés étrangers de rester pendant deux ans. Pendant cette période, ils ont une grande flexibilité : ils peuvent prendre un emploi traditionnel, occuper plusieurs emplois ou travailler à leur compte, c'est à eux de décider. Au bout de deux ans, cependant, ils devront demander un visa parrainé par l'employeur ou retourner dans leur pays.  

Aux États-Unis, l'OPT (Optional Practical Training) est un permis de travail d'une durée de 1 à 2 ans accessible aux diplômés étrangers. L'OPT de deux ans est destiné aux diplômés en sciences, technologie, ingénierie et mathématiques (STIM), dont les compétences scientifiques et technologiques sont jugées plus précieuses. À la fin de cette période, ces diplômés ont besoin d'un autre visa, comme un visa parrainé par l'employeur ou un visa O-1 (Individuals with Extraordinary Ability or Achievement), soit les personnes ayant une capacité extraordinaire ou ayant des réalisations extraordinaires à leur actif. La procédure d'obtention de la Green Card (c'est-à-dire de la résidence permanente) est ensuite plus complexe. Elle nécessite souvent une aide juridique et comporte une longue liste d'attente. 

Malheureusement, les États-Unis sont le pays qui présente le plus grand problème de sécurité de cette enquête. La violence armée est un réel danger et des fusillades dans les écoles sont rapportées chaque année, les étudiants étrangers figurant parfois parmi les victimes. Une enquête réalisée en 2019 par World Education Services a montré que la peur de la violence est une préoccupation majeure pour 40 % des Asiatiques de l'Est et du Sud qui envisagent les États-Unis comme destination d'études. 

La Nouvelle-Zélande et l'Irlande sont des destinations « de secours » populaires 

Ces deux destinations d'études sont plus populaires comme plans de secours. Seuls 3 % des étudiants internationaux ont choisi la Nouvelle-Zélande comme premier choix et 2 % ont choisi l'Irlande comme premier choix. Cependant, 12 % et 15 % d'entre eux ont choisi le pays des Kiwis comme troisième et quatrième choix, respectivement. Quant à l'Irlande, 6 % et 10 % des personnes interrogées l'ont choisie comme troisième et quatrième destinations.

Les frais de scolarité en Irlande sont légèrement inférieurs à ceux des autres pays selon l'enquête d'IDP Connect. Les frais de scolarité varient généralement entre 10 000 et 25 000 euros par an. Le pays a un faible taux de criminalité et offre de nombreux avantages en tant que membre de l'Union européenne. Contrairement aux étudiants internationaux du Royaume-Uni post-Brexit, ceux d'Irlande peuvent encore facilement accéder à des stages dans d'autres pays européens via leur université irlandaise. 

Même si les frais de scolarité sont abordables, le coût de la vie en Irlande peut être aussi élevé que dans les grands pays. L'Irlande connaît l'une des pénuries de logements les plus graves au monde et Dublin figure parmi les dix villes les plus chères d'Europe. Dublin abrite certaines des universités les plus prestigieuses, comme le Trinity College Dublin et l'University College Dublin. Il existe également d'excellentes universités dans les villes plus petites de Cork, Galway et Limerick. 

L'Irlande a de bonnes dispositions en matière de travail post-études, offrant un visa post-études d'une durée de 6 mois à 2 ans, en fonction du niveau et de la durée des études, ainsi que d'autres visas intéressants pour les diplômés étrangers comme le « General Work Permit » et le « Critical Skills Employment Permit » (pour les domaines connaissant une pénurie de main-d'œuvre). 

Qu'en est-il de la Nouvelle-Zélande ? La sécurité était la troisième priorité des étudiants dans l'enquête IDP Connect, et la Nouvelle-Zélande a été classée deuxième pays le plus sûr de la planète par le Global Peace Index en 2023, l'Indice mondial de paix de 2023, en raison de son faible taux de criminalité. C'est aussi un pays très vert, avec des espaces naturels à couper le souffle et facilement accessibles. 

Étant un petit pays, la Nouvelle-Zélande ne compte que huit universités. La plus prestigieuse, l'université d'Auckland, se trouve dans la capitale. Cependant, Auckland étant la plus touchée par l'inflation, il peut être plus judicieux, d'un point de vue financier, de choisir une université dans une ville plus petite. L'université d'Otago à Dunedin ou l'université Massey à Palmerston North pourraient être de bons choix. Les frais de scolarité en Nouvelle-Zélande sont nettement moins chers que dans les autres pays étudiés par IDP Connect, puisqu'ils se situent généralement entre 20 000 et 30 000 dollars néo-zélandais par an (12 000 et 19 000 dollars américains). Toutefois, le cout de la vie élevé peut être assez décourageant.