Covid : ces pays où il existe toujours un risque sanitaire

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  • personnes marchant dans les rues de Hong Kong
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Publié le 2023-03-08 à 10:00 par Asaël Häzaq
Le bruit courait depuis fin 2022. L'annonce de John Lee, chef de l'exécutif, confirme les rumeurs et fait entrer Hong Kong dans « la normalité ». Adieu le masque, du moins, adieu le masque obligatoire. Car s'il n'est plus imposé, il reste fortement recommandé dans les espaces à risque. Hong Kong n'est pas le seul à prononcer ce discours. Les autres États ayant mis fin aux mesures sanitaires obligatoires rappellent également l'importance de conserver les bons gestes appris par la crise Covid. Car le risque sanitaire existe toujours, et aucun pays n'est à l'abri.

Hong Kong : fin du masque obligatoire, mais vigilance toujours de mise

« J'annonce que l'obligation du masque sera complètement supprimée à partir de demain 1er mars, y compris à l'intérieur, à l'extérieur et dans les transports publics ». La déclaration de John Lee, chef de l'exécutif, marque l'entrée de Hong Kong dans une nouvelle phase. Le pays, l'un des derniers à avoir maintenu le port du masque en raison des risques sanitaires, rejoint enfin les autres États. Plus tôt, en début février, il avait initié une campagne de communication « Hello Hong Kong ! » pour relancer le tourisme. Les professionnels du secteur se félicitent d'ailleurs de la décision. L'annonce tombe à point nommé. Le printemps arrive. Les agences de voyages espèrent bien gagner des points auprès des touristes.

Et les habitants ? Depuis l'annonce, les habitudes demeurent, et nombre d'entre eux préfèrent garder le masque par mesure de sécurité. Il faut dire qu'à Hong Kong, comme dans tous les pays d'Asie de l'Est, le masque n'est pas une nouveauté. Contrairement à l'Occident, où il a suscité de vifs débats, les Hongkongais n'ont pas manifesté d'hostilité à l'égard du masque, dont ils connaissaient les vertus. Ils se félicitent cependant de l'arrêt du port obligatoire. Il s'est écoulé près de 1 000 jours depuis l'imposition du masque obligatoire en extérieur comme en intérieur. Le masque était obligatoire pour tout individu de plus de 2 ans. Les contrevenants risquaient une amende de 10 000 dollars hongkongais (10 000 $US).

En supprimant le port du masque obligatoire, Hong Kong fait un pas de plus vers « la normalité ». Ces derniers mois, la cité-État a supprimé plusieurs restrictions. En septembre 2022, elle supprime la quarantaine obligatoire pour les voyageurs internationaux. En décembre, elle assouplit les restrictions.

Hong Kong, championne de la vaccination

Justifiée dans les premiers temps de la Covid, la mesure ne l'était plus vraiment en 2023, avec une population presque entièrement vaccinée. À ce jour, 93,71 % des habitants sont complètement vaccinés (2 doses). 83,9 % ont reçu une dose de rappel (3 doses). Presque toutes les classes d'âge sont concernées par la vaccination complète : 79,09 % des 3-11 ans, 99,77 % des 12-19 ans, 98,04 % des 20-29 ans, 99,78 % des 30-39 ans, et même 100,39 % des 40-49 ans. Les plus de 50 ans sont aussi très largement vaccinés : 96,9 % des 50-59 ans, 88,85 % des 60-69 ans, 83,21 % des 70-79 ans et 70,03 % des 80 ans et plus.

La vaccination 3 doses récolte aussi d'excellents résultats, avec 80 % et plus pour les tranches d'âge de 20 à 79 ans, et même 90 % pour les 40-49 ans. Les 80 ans et plus sont vaccinés à 64,56 % ; les 12-19 ans c'est 77,41 % et les 3-11 ans c'est 31,58 %. D'excellents chiffres, qui font de Hong Kong l'une des championnes de la vaccination. C'est ce qui explique en grande partie la décision de l'exécutif.

À la forte vaccination s'ajoute une immunité sans doute induite par plusieurs vagues Covid. Le dernier pic remonte au début de l'année avec, au plus fort de la crise, plus de 20 000 cas en moyenne par jour. La politique zéro Covid exigée par la Chine sature des hôpitaux déjà surchargés par une vague Omicron inédite. La dernière grande crise de ce type remonte à début 2022, avec plus de 60 000 cas par jour en moyenne. La politique zéro Covid est de plus en plus décriée.

Fin des mesures barrières dans le monde, fin de la Covid ?

L'explosion des cas suite à la fin brutale de la politique zéro Covid en Chine a inquiété le monde entier. La communauté scientifique recommandait pourtant une sortie progressive, justement pour éviter une explosion de cas et de morts. Pour certains politologues, Pékin aurait volontairement choisi ce mode opératoire, pour sanctionner la population suite aux vagues de manifestations dans le pays.

Et maintenant ? Trois mois après fin du « zéro Covid », Pékin applaudit sa bonne gestion de la situation. La propagande est bien rodée. Le nombre de morts est minimisé (Pékin ne communique plus ses chiffres depuis décembre 2022). L'exécutif se garde bien de parler du sort de ses provinces exsangues après 3 ans de crise sanitaire. Pas un mot non plus sur la révolte silencieuse des seniors contre l'assurance maladie, accusée de diminuer leurs remboursements. L'État préfère mettre en avant sa relance économique, tout en balayant les stigmates de la crise. Officiellement, donc « tout va bien ».

Mais les mesures barrières sont loin d'avoir disparu. Il faut toujours un test PCR négatif pour se rendre en Chine. On rappelle cependant que l'État n'a toujours pas repris la délivrance de visas de tourisme, « sauf cas spécifiques ».

Dans les autres pays, qui ont abandonné les mesures sanitaires obligatoires depuis début 2022, on pourrait croire que le virus est une histoire ancienne. La Suède, le Danemark, l'Angleterre, Israël, ou République tchèque font partie des premiers pays à avoir supprimé totalement ou partiellement le passe sanitaire. D'autres États ont été plus progressifs, comme l'Afrique du Sud, le Maroc, la Suisse ou l'Espagne. Un an après, on constate des seuils de contamination très bas. Ces pays n'enregistrent plus de vague Covid. Pas de quoi cependant crier à la fin de la Covid. Car le risque sanitaire reste présent.

Un risque sanitaire toujours présent

Le cas de la France est intéressant. En mars 2022, l'État supprime le passe sanitaire et le port du masque obligatoire. Depuis, le pays fait face à des rebonds épidémiques plus ou moins importants. Plus de 100 000 cas par jour en moyenne au printemps et à l'été 2022, plus de 50 000 cas en automne et en hiver… L'année 2023 commence calmement, avec en moyenne 3 500 nouveaux cas par jour. Face au risque toujours présent, les autorités appellent au bon sens. Si le port du masque n'est plus obligatoire, il reste fortement recommandé dans les transports, les espaces bondés, les hôpitaux et centres médicaux, et avec des personnes fragiles. Les médecins ont cru un instant que la crise sanitaire provoquerait un réflexe du port du masque en cas de maladie. S'il était aussi répandu qu'en Asie de l'Est, le masque permettrait de réduire les épidémies de grippes, gastro-entérites et autres bronchiolites.

Les autres États adoptent une démarche similaire. Fini, le masque obligatoire. Les États craignent la grogne des habitants. En revanche, ils appellent au bon sens : bien se laver les mains, tousser dans le pli du coude, éviter les embrassades lorsqu'on est malade, ou encore porter le masque dès que la situation l'exige. Au Canada, on rappelle l'importance du masque pour lutter contre les épidémies. Comme la France, le Canada recommande de le porter en présence de personnes fragiles, malades, dans des lieux bondés, etc. Les mesures barrières, tout comme le risque sanitaire, sont donc toujours présentes, et ne semblent pas près de disparaître.