Baisse du taux de chômage au Canada : quel impact sur l'immigration ?

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  • ville de Toronto en Ontario
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Publié le 2023-01-17 à 10:00 par Asaël Häzaq
Envie d'un travail stable ? Rêve d'expatriation, ou de nouvelles opportunités de carrière ? Le Canada commence 2023 avec des chiffres du chômage qui feraient pâlir les autres puissances économiques. Le pays risque encore de gagner de précieux points auprès des candidats à l'immigration. Habitué aux bons classements, le Canada est l'un des pays favoris des expatriés. La baisse du taux de chômage le confirmera-t-elle cette année encore ? Le gouvernement tiendra-t-il son Plan d'accueil de 500 000 immigrants d'ici 2025 ?

Chômage en baisse, démographie au beau fixe

Le Canada a terminé 2022 sur une bonne note. Son taux de chômage recule à 5 % (4% au Québec), pour un taux de chômage annuel de 5,3 %, selon Statistique Canada, organisme du gouvernement. Gouvernement qui se félicite de ces bons chiffres, preuve du succès de sa politique migratoire et économique. Au 1er octobre 2022, la population totale du Canada dépasse de peu les 39 millions d'habitants. Une première, en grande partie due à l'immigration : 340 666 nouveaux immigrants sont arrivés en 2020. Un tel record n'avait pas été vu depuis les années 50. Un record qui s'expliquait à l'époque par le baby-boom. En 2022, les bons chiffres de la démographie s'expliquent en grande partie par l'immigration.

Le 1er novembre 2022, Sean Fraser, ministre de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, dévoilait son Plan des niveaux d'immigration 2023 2025. Le pays a accueilli plus de 405 000 nouveaux immigrants en 2021. Il prévoit d'en accueillir 465 000 en 2023, 485 000 en 2024 et 500 000 en 2025. Les bons chiffres du chômage ne semblent pas remettre en question ces données. Il existe néanmoins de grandes disparités entre les provinces. Certaines attirent bien plus d'immigrants que d'autres et dopent leur économie. Les communes reculées et les zones rurales font face à davantage de difficultés. Ce sont précieusement ces endroits reculés que le gouvernement met en avant dans son Plan, pour inciter les talents étrangers à miser sur les petites communes.

Les provinces les plus dynamiques

Ontario, Alberta, Colombie-Britannique, et Québec sont les 4 provinces qui attirent le plus d'immigrants. Un peu plus de 4,2 millions d'immigrants se sont installés dans l'Ontario. Ils sont plus de 1,4 million en Colombie-Britannique, principalement à Vancouver. C'est 1,2 million au Québec. Alberta atteint presque le million, grâce à ses grandes villes (plus de 360 000 immigrants à Edmonton, plus de 460 000 à Calgary). Les mêmes provinces enregistrent des taux de chômage faibles : 5,6 % en Ontario, 5,8 % en Alberta (à peine 0,3 point et 0,5 point de plus que la moyenne nationale). La Colombie-Britannique et le Québec passent sous la barre des 4 % (et sous la moyenne nationale), avec, respectivement, 4,7 % et 4,3 % de taux de chômage.

C'est un cercle vertueux. Les talents étrangers sont attirés par les provinces dynamiques et leurs grandes villes. L'immigration contribue à leur croissance économique, démographique, et à leur rayonnement international. La Colombie-Britannique a Vancouver, le Québec a Montréal. Seule Alberta a deux villes phares : Edmonton et Calgary. Mais la tendance, à défaut de s'inverser, pourrait connaître de nouveaux rebondissements. Si Ontario reste propulsé par Toronto, le vent est en train de tourner. La grande ville perd des habitants.

Quand les habitants quittent Toronto

Assiste-t-on à un turn-over ? À Toronto, les nouveaux arrivants semblent remplacer les anciens résidents et citoyens canadiens, qui partent vivre dans d'autres provinces : on parle de migration interprovinciale. Les bons chiffres du chômage, de l'activité économique et de la démographie de Toronto masquent une ambivalence. L'an dernier, la ville a attiré 159 679 immigrants, soit 103 % de plus que l'année précédente (78 849 nouveaux immigrants en 2021). On peut supposer un « effet Covid » pour expliquer cette différence. Le Canada n'a rouvert ses frontières qu'en septembre 2021 ; les candidats à l'expatriation privés de voyage auraient immigré en 2022. Ce grand écart ne semble cependant pas être un simple rattrapage de 2021, mais confirme plutôt une tendance qui s'est installée depuis les années 2000 : Toronto dépend largement de l'immigration. C'est sur elle qu'elle a bâti sa croissance économique et démographique.

Mais le modèle s'essouffle. En 2022, 78 100 habitants du Grand Toronto (mégapole comprenant Toronto et les villes du Halton, Peel, York et Durham) sont partis s'installer ailleurs dans l'Ontario. Ils étaient 73 500 l'année précédente. Ils sont bien moins nombreux à faire le chemin inverse. On n'observe aucun flux migratoire interprovincial des petites et moyennes communes de l'Ontario vers Toronto. La ville, pourtant longtemps considérée comme un booster de carrière, perdrait des places auprès de ceux qui y vivent depuis longtemps. On lui reproche une qualité de vie moindre que précédemment, un climat moins chaleureux, et des opportunités de carrière moins nombreuses. Pour certains observateurs, les nouveaux arrivants d'aujourd'hui imiteront bientôt les résidents et citoyens canadiens. Ils quitteront Toronto pour une autre ville de Toronto, ou une autre province.

Pénuries de main-d'œuvre 

Le miracle canadien laisse des provinces sur le carreau. Bien qu'en perte de vitesse, Toronto bénéficie d'une plus grande notoriété internationale que les autres villes de l'Ontario. Même constat pour les villes des autres provinces canadiennes. Elles sont pourtant elles aussi touchées par la pénurie de main-d'œuvre, et ont besoin de talents étrangers.

Selon Statistiques Canada, 5 secteurs sont particulièrement touchés par les pénuries de main-d'œuvre : la construction, le commerce de détail, la fabrication, les soins de santé et d'assistance sociale, et les services d'hébergement et de restauration. Si la tendance entre le nombre de nouveaux employés et les postes vacants est à la baisse, ces secteurs sont toujours en recherche de main-d'œuvre. 40 % des entreprises disent faire face à des difficultés pour recruter. Les grandes provinces ne sont pas épargnées. Toronto n'est pas l'Ontario, Vancouver n'est pas la Colombie-Britannique. Les zones rurales des grandes provinces sont concurrencées par les grandes villes rivales, alors qu'elles doivent elles aussi faire face à d'importantes pénuries de main-d'œuvre.

Comment stimuler l'attractivité des zones rurales ?

La question inquiète jusqu'au sommet de l'État. Il faut mettre en lumière les petites provinces, dont les taux de chômage n'ont rien à envier aux grandes. Au Manitoba et dans la Saskatchewan, il est d'à peine 4,6 %. Pour attirer les étrangers vers les villes et provinces rurales, des systèmes d'immigrations sont également mis en place, comme le Programme des candidats des provinces (PCP), le Programme d'immigration au Canada atlantique (PICA). Des initiatives sont aussi développées localement : le Québec a mis en place des programmes d'immigration pour les travailleurs qualifiés.

Les entreprises font partie intégrante de ces projets. Le Nouveau-Brunswick a développé son programme. Dynamique, la province est la reine de la cybersécurité, des technologies de l'information, et de l'énergie. L'industrie a aussi une place de choix, de même que l'agriculture, la santé, la fabrication de pointe ou l'éducation. Des domaines variés, susceptibles d'attirer les talents étrangers.

À l'instar du Nouveau-Brunswick, d'autres provinces font valoir leurs atouts, et mettent en avant leur qualité et cadre de vie. Et ça marche. Manitoba, Nouveau-Brunswick et Saskatchewan font partie des provinces qui attirent de nouveaux immigrants.

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