Ces pays qui imposent des restrictions sur les réseaux sociaux

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Publié le 2021-02-22 à 10:00 par Veedushi
Cette semaine, le géant Facebook est revenu sur sa décision de bloquer la publication de tous les articles de presse pour les utilisateurs basés en Australie. Cela après que le gouvernement ait révisé son projet de loi qui visait à contraindre Facebook à payer les sociétés de publication australiennes pour les articles de presse partagées à travers la plate-forme. Si cette décision avait été prise par Facebook lui-même pour protéger ses intérêts, il existe plein de pays qui soit bloquent l'accès à Facebook soit exercent un contrôle strict sur les publications.

Qu'implique cette décision de Facebook ?

Depuis mercredi dernier, aucun utilisateur de Facebook en Australie n'a plus accès aux reportages et aux articles de presse locaux et internationaux à travers cette plate-forme. Cette décision affecte non seulement les Australiens mais aussi les expatriés qui y sont installés. A l'instar de Patrick, un Mauricien qui vit en Australie depuis une dizaine d'années. « Il est vrai que nous disposons de plusieurs stations et de chaînes de radio et de télévision ainsi que d'autres médias en ligne. Mais il faut reconnaître que Facebook est plus facilement accessible, surtout quand on a un emploi du temps chargé. En général, je consulte Facebook quand je prends ma pause ou quand je prends le transport public », nous dira-t-il. Il s'est néanmoins abonné à plusieurs sites d'information, y compris quelques-uns de son pays d'origine, ce qui lui permet de rester connecté à l'actualité et de recevoir des notifications par e-mail dès qu'il se passe quelque chose. Un avis que partage Emma, une britannique également expatriée en Australie. « Facebook me permettait de rester connectée à l'actualité de mon pays. Je gardais toujours l'œil ouvert sur les publications de mes amis et de mes proches. Aujourd'hui, ça me prend plus de temps pour aller chercher moi-même les articles de presse et j'avoue que c'est assez embêtant », soutient-elle.

Si l'Australie a finalement trouvé un compromis avec Facebook cette semaine afin de rétablir l'accès aux sites d'information, d'autres pays, en revanche, ont délibérément bloqué l'accès à cette plateforme en ligne. Quels sont-ils et quelles sont leurs motivations ?

Les coupures d'internet en Birmanie

Nous vous en parlions il y a quelque temps dans l'article « Tensions en Asie : quel est l'impact sur les expatriés ? ». Le 31 janvier dernier, suite au coup d'état instauré par les autorités militaires birmanes, des instructions ont été données à tous les fournisseurs d'accès à internet pour une coupure générale. Cette mesure visait à empêcher les habitants de la Birmanie, y compris les expatriés, à se prononcer sur la situation dans le pays. Mais il ne s'agit pas de sa première tentative puisque cela s'est déjà produit en 2007, puis en 2019. Il est d'ailleurs intéressant de noter que ce pays qui abrite plus de 54 millions d'habitants comptait plus de 22 millions d'abonnés à Facebook en janvier 2020. Si certains fournisseurs ont principalement bloqué Facebook, d'autres ont également bloqué Messenger, Whatsapp, ainsi que Instagram. Même si internet a été rétabli, au cours des dernières semaines, un couvre-feu a été instauré en matière de télécommunications. Ainsi, la population a seulement accès aux réseaux sociaux à des heures prédéfinies, ce qui constitue une entrave considérable à leur droit à l'information et à la communication.

Un moyen de répression dans plusieurs pays d'Asie

Les coupures d'internet sont utilisées comme un moyen de répression dans de nombreux pays d'Asie, y compris en Inde où la dernière coupure remonte également au 31 janvier dernier. Les habitants de plusieurs régions de la capitale, à savoir, les frontières de Singhu, de Ghazipur et de Tikri, ont été privés d'accès aux réseaux sociaux pendant plusieurs jours suite à une vague de protestation soulevée par des fermiers. Mais l'Inde n'en est pas à sa première tentative de bloquer l'accès à l'information et la communication à ses citoyens. En effet, de janvier 2012 à mars 2020, pas moins de 385 coupures d'internet avaient été signalées. Le nombre le plus important de coupures remonte à 2018, soit 134, suivi de 106 en 2019 et 83 en 2020. La semaine dernière, l'Inde a également lancé une sévère mise en garde contre Twitter qui a refusé de bloquer certains comptes à sa demande. Il n'est donc pas surprenant que le pays chute d'année en année dans les classements de la liberté d'expression et d'information. En 2020, l'indice mondial de la liberté de la presse de Reporters sans frontières classait l'Inde 142e sur 180 pays à travers le monde.

La Thaïlande a également ordonné des coupures d'internet à plusieurs reprises, notamment en 2020 suite à une vague de protestations. Hormis les médias indépendants, les réseaux sociaux comme Facebook, Twitter, ainsi que l'application de messagerie Telegram, ont fait l'objet d'une coupure temporaire. Google a, pour sa part, été contraint à bloquer des contenus qui allaient à l'encontre de la monarchie thaïlandaise. Comme si ça ne suffisait pas, de nombreux utilisateurs de réseaux sociaux ont été sanctionnés pour avoir partagé des informations au sujet de la crise de COVID-19 et des actions gouvernementales. Selon le site DataReportal, le taux de pénétration d'internet en Thaïlande est de 75%, ce qui aurait permis aux mouvements en faveur de la démocratie de communiquer et de s'organiser plus facilement à travers les réseaux sociaux.

Quid de la Chine ?

En s'installant en Chine, les ressortissants étrangers doivent être prêts à faire leurs adieux aux réseaux sociaux auxquels ils sont accoutumés. En effet, Facebook, Twitter, YouTube, de même que Google et WhatsApp sont interdits en Chine. Certains ont toutefois trouvé la solution pour contourner cette mesure, notamment en installant un VPN sur leurs appareils depuis leur pays d'origine. Dans le cas contraire, ils n'ont qu'à se contenter des réseaux sociaux locaux, à savoir, WeChat qui est la version chinoise de WhatsApp, Weibo, l'équivalent de Twitter, ou encore, Douyin, la version chinoise de la célèbre application TikTok. L'interdiction de Facebook en Chine remonte à 2009 après qu'un groupe d'activistes l'aient utilisé pour partager des informations allant à l'encontre du Président chinois. Malgré les nombreuses visites officielles du fondateur de Facebook, Mark Zuckerberg, en Chine, il n'y a eu aucun changement jusqu'à présent.

Une soixantaine de pays l'ont fait 

Hormis la Chine, la Corée du Nord, le Turkménistan, ainsi que l'Iran, ont bloqué l'accès aux réseaux sociaux pendant l'année écoulée. D'ailleurs, selon une étude réalisée par le site SurfShark, une soixantaine de pays dans le monde ont eu recours à des coupures comme mesure de répression au cours des 5 dernières années. Parmi ces pays, on retrouve la Russie où, le 23 janvier dernier, internet a été perturbé en raison des protestations anti-Kremlin. Le 12 janvier, les réseaux sociaux ont été bloqués en Ouganda également dans le cadre de la tenue des élections. En Tanzanie, les réseaux sociaux ainsi que les autres plates-formes de communication en ligne ont fait l'objet d'une coupure la veille des élections générales, soit le 27 octobre 2020. Cuba et l'Azerbaïdjan ont pris des mesures similaires en raison de conflits civils et de protestations.