Tests de naturalisation : comprendre les épreuves et réussir son intégration

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Publié le 2024-04-17 à 10:00
Dans plusieurs pays, l'obtention de la nationalité exige que les candidats se soumettent à un test de citoyenneté en plus d'un entretien individuel et d'une évaluation de leurs compétences linguistiques. Ces tests, administrés oralement ou par écrit, visent à mesurer la connaissance du candidat sur l'histoire, les lois et les valeurs du pays d'accueil. Bien que leur inclusion dans le processus de naturalisation suscite des débats, ces tests constituent une étape obligatoire dans de nombreux pays, dont les États-Unis, le Canada, la Grande-Bretagne, l'Allemagne, l'Espagne, les Pays-Bas, le Luxembourg, l'Autriche et la Corée du Sud.

Des tests de citoyenneté créés au début des années 2000

Fait étonnant : les tests de naturalisation, malgré leur existence relativement récente, ne datent pas des premières vagues d'immigration ou d'expatriation. En effet, la plupart ont été introduits au cours des deux dernières décennies. Il s'agit généralement de questionnaires à choix multiples comportant entre 10 et 30 questions portant sur l'histoire, le système politique, les lois, les valeurs fondamentales et les symboles du pays d'accueil. Le test américain, qui se distingue par son format oral et ses questions ouvertes, fait exception à cette règle.

Le test de citoyenneté britannique, baptisé « Life in the UK » (La vie au Royaume-Uni), a vu le jour en 2005. L'année suivante, en 2006, le test autrichien était créé, suivi par celui de l'Australie en 2007. En 2008, le test « Einbürgerungstest » allemand, entrait en vigueur. La loi néerlandaise sur l'intégration civique de 2013 imposait aux expatriés non-ressortissants de l'UE de passer un test d'intégration après une période de 3,5 à 5 ans. En Espagne, il faut attendre 2015 pour que la réussite du CCSE, l'« Examen de connaissances constitutionnelles et socioculturelles de l'Espagne », devienne obligatoire (il y a moins de dix ans !).

En 2017, une réforme juridique au Luxembourg a instauré l'obligation pour les expatriés postulant à la naturalisation de suivre soit un cours intitulé « Vivre ensemble au Grand-Duché de Luxembourg » (Vivre ensemble au Luxembourg), soit un examen portant sur le contenu de cette formation. Cette mesure se distingue notablement des pratiques observées dans les autres pays mentionnés : au Luxembourg, les expatriés ont le choix entre le cours et l'examen, ce qui rend l'examen en soi non strictement obligatoire.

Aux États-Unis et au Canada, les tests de citoyenneté existent depuis bien plus longtemps, certains datant même des années 1980. Si l'épreuve d'instruction civique de l'« United States Citizenship and Immigration Services » (USCIS) a connu sa dernière mise à jour en 2008, l'administration Biden planche actuellement sur une nouvelle version révisée dont l'implantation est prévue pour fin 2024.

L'adoption récente de tests de citoyenneté hors d'Amérique du Nord découle de divers facteurs politiques : lutte contre le terrorisme et renforcement des frontières, débats sur le multiculturalisme et crise des réfugiés. Au Royaume-Uni, par exemple, l'idée d'un test de citoyenneté a émergé suite au rapport Cantle, qui remettait en question le multiculturalisme après les émeutes ethniques de 2001. La création récente de ces tests en Europe a suscité des critiques, certains les jugeant intrinsèquement xénophobes.

Ces tests de citoyenneté ont également suscité de nombreuses polémiques. Par exemple, suite au récent conflit au Moyen-Orient, il a été rapporté que le test de citoyenneté allemand inclurait davantage de questions sur l'État d'Israël, ce qui a provoqué la controverse, car il s'agit de questions portant sur un autre pays et non sur l'Allemagne. Au Royaume-Uni, des universitaires ont critiqué le test « Vie au Royaume-Uni » pour ses erreurs factuelles et son exigence envers les expatriés de connaître des anecdotes (comme la hauteur du London Eye) plutôt que des informations cruciales, telles que les démarches d'inscription chez un médecin généraliste. Aux Pays-Bas, les expatriés peuvent être sanctionnés d'une amende par l'État en cas d'échec au test de citoyenneté, une mesure critiquée par l'Union européenne.

Les principaux tests de citoyenneté existant à l'heure actuelle

Comme indiqué précédemment, tous ces tests partagent un format à choix multiples légèrement similaire, mais ils peuvent comporter des variations dans le détail. Voici des informations spécifiques sur le test de chaque pays.

États-Unis

Le test de citoyenneté américain se déroule à l'oral et comporte des questions ouvertes à réponse courte. Un agent d'immigration interroge le candidat sur dix questions d'instruction civique portant sur les États-Unis. Pour réussir le test, il est nécessaire d'obtenir au moins six bonnes réponses. Ces dix questions sont choisies parmi une liste fixe de 100 questions que le candidat doit étudier au préalable. Parmi les exemples de questions, on trouve : « Citez un événement ayant conduit à la Guerre de Sécession » (histoire), « Nommez l'un des deux plus longs fleuves des États-Unis » (géographie) et « Quelle est la date limite pour envoyer les formulaires d'impôt sur le revenu fédéral ? » (droits et responsabilités).

Canada

Le test de citoyenneté canadien se déroule en français ou en anglais, les deux langues officielles du pays. Il s'agit d'un questionnaire à choix multiples d'une demi-heure comportant 20 questions. Pour réussir le test, il est nécessaire d'obtenir au moins 15 bonnes réponses. Les questions sont basées sur un guide intitulé « Découvrir le Canada : Les droits et responsabilités de la citoyenneté », téléchargeable gratuitement sur le site Web du gouvernement canadien. Ce guide d'environ 70 pages propose des sections sur la géographie, les symboles, l'histoire, le système judiciaire, le système de gouvernement, l'économie du pays, etc. Il inclut également une section dédiée aux questions pratiques pour aider les candidats à se préparer au test.

Royaume-Uni

À l'instar du test canadien, le test britannique s'appuie sur un guide d'étude officiel intitulé « Life in the UK ». Cependant, ce guide n'est pas accessible gratuitement ; un abonnement auprès de son éditeur officiel, TSO, est requis pour consulter les supports de formation en ligne. Le guide est généralement mis à jour chaque année. Les candidats disposent de 45 minutes pour répondre à 24 questions à choix multiples tirées au hasard parmi un ensemble de 408 questions. Pour réussir le test, il est nécessaire d'obtenir au moins 18 bonnes réponses sur 24, soit un score de 75 %. Les frais du test ne sont pas couverts par les frais généraux de demande de naturalisation. Les candidats doivent débourser 50 £ pour chaque tentative de test.

Allemagne 

L'« Einbürgerungstest » est un questionnaire à choix multiples composé de 33 questions. Parmi ces questions, 30 portent sur des connaissances générales relatives à l'Allemagne, tandis que les 3 restantes concernent le Land (État fédéral) de résidence du candidat, tels que la Bavière ou la Saxe. Pour réussir le test, les expatriés doivent obtenir au moins 17 bonnes réponses, soit un peu plus de la moitié des questions. Ils disposent d'une heure pour effectuer le test. Heureusement, le taux de réussite est élevé : ces dernières années, 90 % des candidats ont réussi l'épreuve. Les expatriés titulaires d'un diplôme universitaire allemand en sciences sociales, droit ou administration sont dispensés de passer ce test.

Espagne

L'examen CCSE comprend un mélange de questions à choix multiples et de questions vrai ou faux, bien que la majorité des questions appartiennent à la première catégorie. Il s'agit d'un test de 45 minutes comportant 25 questions, dont 15 doivent être correctement répondues. 60 % des questions portent sur la loi et le gouvernement, tandis que 40 % concernent l'histoire et la culture générale.

Pour réussir l'examen CCSE, il est indispensable d'avoir une maîtrise intermédiaire de l'espagnol, car il se déroule entièrement dans cette langue. L'organisation du test est confiée à l'Instituto Cervantes, reconnu pour ses évaluations linguistiques DELE. À noter que l'examen est payant, facturé 85 € par tentative. Une fois réussi, le certificat obtenu reste valide pendant une période de 4 ans, durant laquelle l'expatrié peut l'utiliser pour demander la citoyenneté espagnole.

Pays-Bas 

L'examen d'intégration civique néerlandais « Inburgeringsexamen » est obligatoire uniquement pour les expatriés non ressortissants de l'UE qui envisagent de s'installer durablement aux Pays-Bas. Ce test « 2 en 1 » évalue simultanément les compétences linguistiques des candidats en néerlandais et leurs connaissances de la société néerlandaise. Le niveau de langue requis est élémentaire, A1 ou A2 (A2 pour les nouveaux arrivants).

Les épreuves destinées à évaluer le niveau de langue comprennent des tests de lecture, d'écriture, d'écoute et d'expression orale. Elles viennent en complément des parties « Kennis Nederlandse Maatschappij » (Connaissance de la société néerlandaise) et « Oriëntatie Nederlandse Arbeidsmarkt » (Orientation sur le marché du travail néerlandais) du test. Le volet « Connaissance de la société néerlandaise » consiste en un test de 45 minutes au cours duquel les expatriés doivent répondre correctement à au moins 26 des 45 questions à choix multiples. Naturellement, cet examen se déroule en néerlandais. Quant au test « Orientation sur le marché du travail néerlandais », les expatriés doivent réaliser une série de travaux à domicile (afin de constituer un dossier) et suivre 64 heures de cours sur le marché du travail (cours ONA). Ils ont également la possibilité de renoncer à ce cours s'ils réussissent un entretien qui le remplace.

Luxembourg

Le Luxembourg étant multilingue, l'examen de citoyenneté peut être passé en anglais, en français, en allemand ou en luxembourgeois. Avant de passer l'examen « Vivre ensemble au Grand-Duché de Luxembourg », les expatriés bénéficient d'un cours gratuit de 24 heures dispensé par l'État. Ce cours est divisé en trois parties : « Les droits fondamentaux du citoyen » (6 heures), « Les institutions de l'État et de la commune au Grand-Duché de Luxembourg » (12 heures) et « L'histoire du Grand-Duché de Luxembourg et l'intégration européenne » (6 heures). L'examen qui suit ce cours, gratuit, comporte 40 questions auxquelles les candidats doivent répondre dans un délai d'une heure.

Autriche

Tout comme les tests britannique et canadien, le test autrichien est accompagné d'un guide officiel. Ce guide, intitulé « Mein Österreich » (« Mon Autriche » en allemand), compte 85 pages et peut être téléchargé gratuitement depuis le site Web du gouvernement. Ce même site propose également un test d'entraînement en ligne. Le test en lui-même comprend 18 questions en allemand, réparties en trois parties. Pour réussir, les expatriés doivent répondre correctement aux deux tiers de l'ensemble des questions ou à la moitié de chaque section.

Australie

Le test est une étape obligatoire pour les futurs citoyens âgés de 18 à 59 ans. Les candidats plus jeunes ou plus âgés ont la possibilité de substituer le test par un entretien. Il se compose de 20 questions à choix multiples, auxquelles les candidats doivent répondre en 45 minutes. Pour réussir, les examinés doivent obtenir un score global d'au moins 75 % et ne pas commettre d'erreur dans les 5 questions portant sur les valeurs australiennes. Les 15 autres questions traitent du droit et du gouvernement (telles que les règles de vote, la Constitution, la distinction entre la Chambre des représentants et le Sénat) ainsi que de l'histoire générale (par exemple, sur les dates historiques et l'histoire des Aborigènes).

Corée du Sud

Le test « Korea Immigration and Naturalization Aptitude Test » ou KINAT (Korea Immigration and Naturalization Aptitude Test), doit être passé juste après la soumission de tous les autres documents de la demande de citoyenneté. Rédigé entièrement en coréen, il requiert donc que le demandeur ait un niveau de compétence intermédiaire dans cette langue. Il se compose de 20 questions à choix multiples portant sur l'histoire, la politique et les coutumes coréennes, incluant des questions sur la démocratie libérale du pays.

Les expatriés ont la possibilité de participer au programme gratuit d'immigration et d'intégration coréenne (Korean Immigration and Integration Program - KIIIP) offert par l'État avant de passer l'examen, ce qui accroît leurs chances de réussite. Le KIIP est divisé en cinq niveaux et englobe à la fois la langue et la culture coréennes. Le dernier niveau, d'une durée totale de 70 heures, prépare pleinement le candidat à passer le KINAT. Les niveaux inférieurs, quant à eux, nécessitent environ 100 heures d'apprentissage chacun, à l'exception du niveau 1, qui exige seulement 15 heures d'engagement.

Liens utiles :

Welcome to the 2008 Civics Practice Test! | USCIS

Study Guide – Discover Canada – The Rights and Responsibilities of Citizenship - Canada.ca

The Official Shop | Official Life in the UK Learning Zone

Life in the UK Test: Book the Life in the UK Test

BAMF - Bundesamt für Migration und Flüchtlinge - Homepage - Naturalisation in Germany

DELE - CCSE - Constitutional and Sociocultural Aspects of Spain

Civic Integration Exam Abroad | IND

Courses and exams to obtain Luxembourg citizenship - Education system - Education nationale, Enfance et Jeunesse - Luxembourg

Mein Österreich, Vorbereitung zur Staatsbürgerschaft - Startseite

Citizenship interview and test

Guide to 2019 Korea Immigration & Integration Program (KIIP)