Au Paraguay, comme dans toute l'Amérique du Sud, il y a des terrains à vendre partout, et comme dans tous les pays, les prix de ceux de la capitale sont incontrôlables et complètement fous. L'étranger désireux d'acquérir un terrain devra donc se rabattre sur la grande banlieue ou sur la province, mais là, il faudra rester très vigilant, car on trouve des terrains à tous les prix, de 3 $ le mètre carré jusqu'à 40 à 50 $... Alors, comment s'y retrouver ?
Lorsqu'on achète un terrain, on a tendance à faire une fixation sur le terrain lui-même, quoi de plus normal ? Or, acquérir un terrain peut vite tourner au cauchemar à cause de l'environnement. D'abord, il est bon de savoir qu'en Amérique du Sud, il n'y a aucun respect des voisins. On peut très bien faire construire une maison et y vivre très agréablement pendant un certain temps, jusqu'à ce que la maison d'à côté ne se vende à un couple de jeunes qui aiment sortir leur « sound-machine » dehors pour en faire profiter tout le voisinage, une bière dans chaque main, du vendredi soir au lundi matin sans interruption. De quoi devenir fou...
Le terrain se vend sous 3 formes :
1- Les terrains libres : ils sont de formes et de superficies différentes, de 300 m² à plusieurs centaines d'hectares... De quoi choisir ! Les prix varient de 3 $ à 50 $ du mètre carré (juin 2015), suivant la qualité de l'endroit.
Principales qualités : celles qu'on peut leur trouver au premier abord
Principaux défauts : En général ce sont des terrains plus ou moins bien situés avec souvent des problèmes d'accès, d'eau et d'électricité. Le risque est qu'on achète ce qu'on nous vend et ce qu'on voit, mais on achète aussi les nuisances inconnues
2 - Les terrains en zones loties : ils ont tous la même taille, 12 m par 30 m = 360 m². On peut en acheter la quantité qu'on veut.
Principales qualités : accès facile, eau et électricité à proximité.
Principaux défauts : voisinage, ou risques futurs de voisinage.
3 - les terrains de type « country club » : ça existe dans tous les pays. Ce sont des endroits dans lesquels les terrains (1000 à 2000 m2) se vendent une fortune parce -qu'ils sont théoriquement sécurisés avec golfe incorporé et club-house.
Principales qualités : celles qui figurent dans la publicité de la société chargée des ventes des terrains, c'est-à-dire qu'ils ont toutes les qualités, zéro défaut.
Principaux défauts : D'abord le coût élevé du terrain, ensuite celui des services - souvent fictifs - qui sont payables par mois et très cher. De très mauvais bruits commencent à courir sur ce genre de domaine. Il faut dire qu'il y a de la matière, car les neuf dixièmes des domaines sécurisés sont une forme d'arnaque caractérisée. Les premiers acheteurs payent un service balbutiant réduit à son strict minimum, les autres terrains tardent à se vendre pendant que les premiers acquéreurs se lassent ne voyant rien venir, rien évoluer... Les quelques constructions particulières et communes perdent leur fraîcheur. Dans le même temps et faute d'argent, la maintenance des communs n'est plus assurée comme elle devrait l'être, et tout tombe petit à petit en décrépitude. Quatre à cinq ans après l'ouverture, une impression de tristesse envahit les lieux, une sensation de ville morte qui font que les terrains deviennent très difficilement revendables... À part deux ou trois domaines connus (Country Club à Ciudad Del Este), acheter un terrain dans ce genre d'endroit est la meilleure façon de perdre ses sous.
Mais alors, que faire lorsqu'on veut acheter ?
D'abord ne jamais demander à quelqu'un s'il connait un terrain à vendre, car le type va sauter sur l'occasion pour essayer de se faire une commission. Il va aller voir les propriétaires, leur dire qu'il a un étranger acheteur et va demander une commission de 20 à 30% au vendeur. Le vendeur rajoutera cette somme sur le prix de vente et en remettra une couche pour sa « grat ».
Il faut d'abord agir seul et repérer un terrain à vendre, et dans un endroit agréable. C'est facile, tous les terrains à vendre ont des panneaux au bord de la route. Ensuite, ne jamais demander à un Paraguayen d'appeler pour avoir un meilleur prix, ils vont parler en guarani et on retombe vite dans le problème des commissions.
Quand on va voir le terrain, inutile de questionner les voisins en pensant que s'il y a une machine à faire du bruit dans l'environnement ils ne vous diront rien, car le propriétaire est souvent quelqu'un de la famille. Il faut donc venir à l'improviste le samedi soir, le dimanche matin et surtout le dimanche après-midi pour s'assurer de la tranquillité. Le dimanche après-midi est très important, car il y a une tradition sud-américaine bien ancrée de l'asado du dimanche midi. Tout le monde sort dans le jardin et il y a toujours dans le lot quelqu'un pour sortir sa machine infernale.
Il ne faut pas hésiter à payer un terrain très cher pour avoir la tranquillité (on va y vivre, ne l'oublions pas) et se trouver à maximum 15 kms d'une grande ville, et pas plus. Je déconseille fortement de s'éloigner à plus de 15/20 kms. Ces terrains tranquilles, sans nuisances, bien situés et dans un joli décor, sont extrêmement rares. Lorsqu'on l'a trouvé, rien ne sert de faire-valoir qu'il y a un terrain identique à vendre un peu plus loin pour la moitié du prix, dans le but de faire baisser le prix. Les propriétaires qui ont du terrain de qualité le savent, et ils savent aussi que c'est rare et qu'ils en tireront le prix qu'ils en demandent, car beaucoup de gens les cherchent, ce n'est qu'une affaire de temps, et le temps joue pour le vendeur.
Et attention dans la négociation : les Indiens sont de gros caractériels ! Ceux qui feront des offres trop basses verront s'envoler leurs dernières chances d'achat !