Votre expérience du choc culturel en Uruguay

Bonjour à tous,

Vivre dans un autre pays implique de découvrir les différents éléments de sa culture. La maîtrise de tous les codes culturels est parfois le fruit d'un long apprentissage.

Comment cela s'est passé pour vous? Racontez-nous vos expériences du choc culturel en Uruguay, vos anecdotes, que vous ayez vécu un moment drôle ou embarrassant.

Quels sont vos conseils pour vivre en douceur cette transition?

Merci d'avance pour vos témoignages,

Christine

Sophie, bonjour,
Je me retrouve parfaitement dans ce que tu écris sur le processus d'émigration des français (ou autres, il ne doit pas y avoir beaucoup de différences dans le fond). Sauf que moi, c'est côté brésilien que je l'ai constaté. C'est pas facile d'assumer le choc culturel et, souvent, même avec la meilleure volonté du monde, on ne s'y fait pas comme ça. Je crois que pour émigrer, dans de bonnnes conditions/dispositions, en plus de tout ce que tu décris comme conditions siné qua non, ou que d'autres ont décrit, il faut surtout avoir une bonne raison. Affronter une autre culture, vouloir en faire le plus possible la sienne, ça nécessite de faire l'impasse, peu à peu, sur la sienne, pour pouvoir s'approprier une nouvelle. C'est tout un état d'esprit à se façonner, seul gage de l'ouverture nécessaire à l'autre pour pouvoir le renconter dans sa culture, sans trop juger (on juge toujours bien un peu... il faut beaucoup de temps pour ne plus juger...), et pour accepter de se défaire de ce qui faisait nos repères pour en acquérir de nouveau et voir le monde sous un autre angle. Voili-voilou!
Nando

Bonjour ou bonsoir,

Vous allez rire ou sourire, enfin, voilà, ancien fonctionnaire de police ayant travaillé dans plusieurs pays, je termine ma vie salariale française dans le privé en 2017 peut-être 2018. Et mon projet est de terminer les différents chantiers littéraires que j'ai entrepris sans avoir le temps de les finaliser durant une vie professionnelle très occupée. Mais surtout pas en France.

Ce que je cherche est un lieu où le cannabis n'est pas considéré comme un crime, en ville ou à la campagne, pour une vie paisible de retraité dont la passion est la littérature en général et la science-fiction en particulier. Une certaine admiration pour José Mujica et une réelle passion pour les écrivains sud-américains font que je songe à l'Uruguay. Mais sans doute est-ce une fausse bonne idée car mon espagnol est à réviser sérieusement sur des bases existantes.

Mon cœur balance entre différents pays, Les Pays-Bas, le Portugal, l'Uruguay. En fait, je vis en France depuis 2010 après des années d'errance professionnelle à travers le monde et mon pays, comment dire, m'exaspère autant que sa langue ma passionne comme matière artistique.

Donc je cherche un havre de paix pour travailler une dizaine d'années à la finition de mes entreprises littéraires (ça fait un peu prétentieux mais je suis le contraire d'un pédant, humaniste et cérébral surtout). L'Uruguay pourrait-il être la bonne destination ? C'est une question ?  Peut-être pourriez-vous me donner votre éclairage si vous en aviez envie ?

Merci de votre éventuelle écoute.
Très cordialement vôtre.

Jean-Michel

Merci Sophie et Zoukeur. :-)

Pour moi le choc des cultures s'est quelque chose de cool, quand tu arrive dans cette espèce de fourmilière qu'es Montevideo et que tu te perd dans la foule de 8 de octobre, et que tu regarde tout les petit détails qu'il y a autour de toi, les passant qui passe dans toute les directions et qui parle une langue qui n'est pas la tienne, et quand tu les regardes il te regarde comme si tu étais un marcien. Et après tu te dit sa ma donner fin et tu essaye d'acheter un truc a manger. Sa s'est un moment inoubliable!

Jean-Michel bonsoir,
Vamos a poner un poquito de orden en esto  :)  Même si je n'ai aucune expérience en Uruguay (mais des personnes comme Sophie et d'autres ressortissants français me paraissent particulièrement riches en conseil plus localisés!), je me permets de te répondre à partir de mon expérience brésilienne (qui, du reste, n'a pas grand chose à voir avec ton propos  :) ) parce certaines choses que tu écris résonnent en moi, notamment la question des entreprises littéraires  en suspens (moi, c'est du côté du polar que j'aimerais plus "sévir"  :cool: ). En effet, ça fait partie de mes futurs/proches projets de voyager/m'installer pour quelques mois dans le monde et notamment en Amérique Latine (pour le moment, tendance Bolivie ou Uruguay), dans un lieu qui soit propice pour continuer ou développer (sans la moindre prétention!) quelques ébauches de polars commencées et ternies par de longs séjours en tiroirs grippés par la poussière.
Si j'ai bien compris, d'ici 02 ou 03 ans tu devrais donc percevoir une retraite relativement confortable dans une bonne partie des pays de la CEE, et voire très confortable dans 70% des autres pays membres de l'ONU. Bon, déjà une bonne chose de régler! Car, en effet, la course à l'argent et au travail pour (sur)vivre est le principal problème/obstacle pour qui veut s'expatrier. Comme tu ne représentera pas un concurrent pour un poste de travail et que tu pourras attester de revenus réguliers, un bon nombre de pays vont pouvoir te recevoir sans trop de problèmes administratifs. A toi aussi le choix des va-et-viens entre France (pendant 03 mois d'été) et le reste du monde. Heureux homme donc!
Pour le reste, voyons voir:
- c'est sûr que le Portugal et les Pays Bas, c'est assez commode pour un résident français en termes administratif, fiscalité, distances/transport, etc. En plus, les Pays Bas comme l'Uruguay sont très tolérants en regards des attraits de la Marie-Jeanne  ;)
- après, il y a les problèmes de langue, mais pour un retraité qui ne prétend pas occuper une activité professionnel, un niveau moyen à perfectionnant en anglais, espagnol ou portugais ne pose pas de vrai problème. Et c'est largement suffisant pour s'installer, faire les premières démarches, commencer à rencontrer les gens et faire des amitiés. Ensuite, immergé dans la culture, le niveau de langue tend à progresser en fonction de la curiosité pour l'autre et pour la culture d'accueil... Mais, c'est vrai que l'apprentissage sérieux et rigoureux de la langue me paraît fondamental. Mais, c'est aussi une question de motivation: apprendre une langue pour apprendre c'est une chose; l'apprendre parce que l'on va s'expatrier et que cela constitue le plus sûr des sésames pour s'installer le mieux possible, c'est autre chose. Donc, pour le portugais, tu commencerais avec un certain handicap. Mais tes bases en anglais et en espagnol te permettront rapidement, avec un peu de travail de rafraîchissement et de pratique rigoureuse, pendant les 02 ou 03 années qui viennent, de pouvoir t'installer dans n'importe quel des pays que tu cites et dans bien d'autres aussi...
- après, la question de l'Amérique Latine, de sa richesse phénoménale en termes de littératures, d'arts, de mélanges culturels, d'ébullition politique, là, tu n'as que l'embarras du choix. Sans bien connaître l'Uruguay, et outre le fait de sa grande compréhension envers les fans de Marie-Jeanne  ;) , cela semble un choix intéressant: coût de la vie tout à fait compatible avec une retraite français correcte, ouverture sur l'Europe et en même temps forte tradition latina, effervescence intellectuelle et artistique, paysages divers et magnifiques, bref tout cela en fait un lieu inspirant pour se livrer enfin à la littérature! Mais, je dirais (pour y vivre) que le Brésil, c'est la même chose; comme c'est aussi la même chose pour nombre d'autres pays latino-américains...
Donc, à mon humble avis, Jean-Michel, tu te retrouveras dans quelques années dans la situation de pouvoir ouvrir plein de portes. Si ta retraite s'avère correcte et si en plus tu es en bonne santé, ton souci principal, si tu es encore dans cette disposition pour l'aventure en terre étrangère, ça va être: "quelle bon sens de foutue porte je vais ouvrir?!"
Après, ça dépend de beaucoup de choses: des attaches affectives et matérielles que l'on a en France, de nos dépendances à certains produits gastronomiques, de notre besoin en sécurité (sociale, médicale, etc.), de nos capacités à affronter les défis de l'expatriation (et ils sont très, très nombreux!). Mais, c'est sûr que les empreintes artistiques et l'héritage littéraire laissés para Borges,  Eduardo Galeano, Muñoz, Montalvo, Asturias, Valdès, García Márquez, Neruda, Paz, Sepúlvera, Guzmán, Lispector, Amado, Montoya, Arias, Cortázar, Vargas Llosa, etc. parmi les milliers que compte ce continent, font que l'Amérique du Sud constitue un pôle d'attraction très fort, accessible (moyennant une préparation à l'espagnol ou au portugais...mais tu as quelques années devant toi  :) ) et plein de perspectives.
Voilà, Jean-Michel, quelques réflexions, en espérant qu'elles te soient de quelque utilité.
Cordial abraço.
Nando

Merci infiniment pour les impressions d'Amérique du sud et les judicieux conseils. C'est très éclairant pour moi et ainsi je peux peser le pour et le contre comme on dit. Vraiment encore Merci.

Pour le polar, j'ai un cousin proche Emmanuel Grand qui s'est lancé avec une certaine réussite et je n'aurai qu'un conseil, veiller à faire un plan bien charpenté ce qui est vrai pour toute architecture littéraire où la suspension de la crédulité du lecteur doit être bien conçue pour laisser libre originalité de la plume, du style.

Très amicalement.

Jean-Michel

Merci de vos conseils et bravo pour vos bouquins, je vais regarder ça de près. :-)

De rien Jean-Michel!
Si tu as besoin d'autres infos sur l'Uruguay ou autre pays, le blog regorge de ressources. Sinon, tu peux solliciter les expats d'Uruguay ou d'Amérique Latine, ou envoyer un message en MP.
Merci pour le conseil littéraire en ce qui concerne la structuration de la narration d'un polar! J'en tiendrai compte, soi en sûr.
Bonne chance!
Amicalement,
Nando