CONTE ARGENTIN
Il était une fois quelques êtres humains qui étaient nés dans un des pays les plus riches du monde. Leurs parents avaient ,pour la plupart d'entre eux, voyagé depuis l'Europe et, dans les grandes étendues de ce pays, ils s'étaient consacré à l'élevage et à l'agriculture mais d'autres aussi avaient monté des ferronneries, des ateliers divers, des industries métallurgiques, des commerces en tous genres, des usines de confection etc….Tous étaient arrivés ensemble à former un grand pays développé et leurs objectifs étaient que leurs enfants qui naitraient et grandiraient dans ce pays si riche, puissent étudier, obtenir des titres universitaires, enfin réaliser tout ce qu'eux-mêmes, travaillant de l'aube jusqu'aux heures les plus tardives, n'avaient pas eu le temps et la possibilité de faire.
Mais que s'est-il donc passé ? Ce pays si riche n'a jamais pu avoir une justice, seulement des règlements plus ou moins amiables, et les gens se sont rendus compte qu'il était meilleur commerce rémunérateur que de se mettre à voler plutôt que de travailler, et le vol est allé en se perfectionnant et il s'est développé des centaines de manières de voler, depuis le simple pickpocket à la construction d'un barrage dans le désert ou un aéroport pour le dédier 100% au commerce des olives sans parler des commerces du côté d'Olivos et Santa Cruz. On est passé de la sortie de l'analphabétisme bien avant les États Unis pour redevenir un royaume de l'analphabétisme et de l'inculture. Et l'histoire se transforme en cercle vicieux dans lequel tous ceux qui avaient développé quelque chose, fatigués d'alimenter tous ces délinquants, ont commencé à fermer leurs raisons de vivre et à partir, pendant que quelques-uns, plus timides continuent à vivre dans ce pays qui était si riche tout en mettant à l'abri, ailleurs, leurs biens et économies. Ils vont tous un jour s'en aller après en avoir eu assez de se montrer patient face à des décades d'abus de toutes parts, vendant pour une bouchée de pain au plus offrant leurs champs et leurs biens.. Seuls vont rester les plus pauvres et les plus délinquants. Cela s'est déjà passé ailleurs, dans un très jolis pays, une ile où l'on pourrait vivre bien, seulement avec le tourisme. Tous vivent très mal sauf un barbu de plus de 80 ans et ses lécheurs de bottes. Dans un autre pays très agréable qui nage dans le pétrole, ils n'ont même pas de quoi se torcher les fesses ni se laver les cheveux, sauf leur grand génie qui parle à un oiseau.
L'instinct de conservation des êtres humains fait que souvent on ne veut pas voir la réalité. Et cette réalité, ici, est que le pays souffre d'un cancer avec métastases depuis Jujuy jusqu'à la Terre de Feu. Le cancer de la drogue et des politiciens, représentants de tous partis et de toutes couleurs, les roitelets dont certains auraient plus leur place dans un établissement psychiatrique que sous les ors de leurs palais, tous unis avec le pouvoir judiciaire qui n'envoie personne en prison et ne séquestre aucun des biens mal acquis. Ils sont en train de réussir à faire une réalité de la phrase Jorge Luis Borges, un grand écrivain et penseur de ce pays qui était si riche: quand on lui posait la question sur ce qu'il pensait de la guerre des Malouines il a répondu le désormais fameux “ c'est la bataille de deux chauves pour un peigne ».
Toutes les mauvaises nouvelles qui tombent chaque jour ne sont que des cellules supplémentaires de la terrible tumeur maligne dont souffre le pays, et le pire, c'est que la majorité des argentins qui ont déjà, parfois plusieurs fois, eu à souffrir d'autres cancers de ce pays, continuent à penser qu'avec une aspirine tout ira mieux demain alors que l'on est en phase terminale. C'était peut-être le seul conte sans morale tout comme la plupart des gens de ce pays qui a été si riche…….
Au delà de l'historiette voici la liste non exhaustive des raisons pour lesquelles j'ai décidé de quitter l'Argentine après avoir tout vendu. Les complications administratives sans fin accompagnées des queues qui n'en finissent pas, être entouré de menteurs pathologiques, sachant mieux tout que tout le monde et n'assumant pas leurs idioties, erreurs, récession, chômage croissant exponentiellement, inflation incontrôlée, augmentation générale de la pauvreté et de l'indigence, déficit fiscal, retard cambiaire, risque pays au plus haut, déficit énergétique sévère et aucun investissement en infrastructures, quasi plus de réserves monétaires, pays en défaut financier, narcotrafic visible et montant, corruption à tous les étages, impunité complète, insécurité permanente et malheureusement vécue, falsification des statistiques, subsides débordant de tous coté, parlement inexistant, absence de contrôle des frontières, la Kampora (partout jusque dans les jardins d'enfants, transports publics obsolètes, insécurité juridique empêchant tout projet sérieux, absence d'investissements locaux et étrangers, éducation publique aux résultats et conditions catastrophiques (voir résultats PISA), santé publique inexistante et incompétente (j'ai failli en mourir), répression et menaces contre les journalistes et les opposants, bref une dictature qui ne veut pas dire son nom. Vous ajoutez à cela le blocage des importations, l'impossibilité de trouver le moindre produit de qualité en dehors de la « merde » « industria argentina » dont tout est fait en Chine et que seul l'emballage en fait un produit local, l'absence de variété culinaire en dehors du bœuf, du bœuf et du bœuf (bon on trouve aussi du poulet hormoné, et du cochon qui rend plus d'eau que de viande), la xénophobie des locaux (je n'ai pas parlé de racisme), et le fait de devoir m'armer (légalement) pour pouvoir protéger ma famille. Toute cette ambiance agressive ont fait que ma vie dans ce pays devenait pour moi un déplaisir sans cesse grandissant.
Comme, et c'est logique et normal, je n'ai pas le droit au chapitre en tant que citoyen étranger, et que j'ai pour habitude de prendre et d'assumer mes décisions, j'ai décidé que la solution à mon mal être en tant qu'expatrié dans ce pays était de le quitter, ce que j'ai fait depuis 3 semaines. Je vous informe aussi que je ne suis pas reparti dans mon pays d'origine, la France, car elle aussi a cessé de me plaire depuis bien des années.
Voilà mon histoire, certains ne la partageront pas et c'est parfaitement leur droit, s'ils sont heureux en Argentine, je m'en réjouis. Pour avoir eu ce vécu pendant près de 7 ans, en fait j'ai appliqué à moi-même l'adage d'Abraham Lincoln, ancien président des États-Unis d'Amérique, qui prononça en 1860 devant le Congrès ces mots que je souhaite répéter ici avec ferveur :
Vous ne pouvez pas créer la prospérité en décourageant l'épargne ; vous ne pouvez pas donner la force au faible en affaiblissant le fort ; vous ne pouvez pas aider le salarié en anéantissant l'employeur ; vous ne pouvez pas encourager la fraternité humaine en encourageant la lutte des classes ; vous ne pouvez pas aider le pauvre en ruinant le riche ; vous ne pouvez pas éviter les ennuis en dépensant plus que vous ne gagnez ; vous ne pouvez pas forcer le caractère et le courage en décourageant l'initiative et l'indépendance ; vous ne pouvez pas aider les hommes continuellement en faisant pour eux ce qu'ils devraient faire eux-mêmes."
Et finalement, pour ceux qui comprennent l'espagnol (la grande majorité d'entre vous j'espère, je citerais le texte écrit dans les années 1900 (quelle prémonition) par le poète espagnol Garcia Lorca qui résume bien la situation actuelle de la politique en Argentine :
De negro va la señora
Siempre vestida de negro
Y no es por su marido
Que hace rato que se ha muerto.
Lleva luto por la patria
Que ella ha ido pariendo,
Destruyendo con su ira
Lo que otros erigieron.
Mujer sin conciencia alguna,
Vacía de amor o afecto,
No aceptando una opinión,
Una palabra, un consejo.
Abriga su soledad
Acumulando dinero,
Pobre, pobre esta señora
Que no tiene nada bueno.
Va cayendo poco a poco
Su delirio se agiganta
Y ya se siente una reina
Rodeada de oro y de plata.
Con sus súbditos al pie
Todos con cabeza gacha
Y ella una diosa se cree
Y va con la frente alta
¿No se cansara –pregunto-
De discursear con tal saña
Cargando la tinta en cosas
Que no tienen importancia?
¿No se mirara al espejo
Y dirá¡ que estoy haciendo¡
Estoy cansada que siempre
Me digan lo que yo quiero.
La locura del poder
La codicia y la ambición
Llevadas a tal extremo
Un final ha de tener.
Porque al llegar tan arriba
Esta soberbia mujer,
Solo una cosa le queda
Y es simplemente… caer.
Bonne chance à tous et soyez heureux. Moi je le suis ailleurs.