L'envers de la carte postale péruvienne

Bonjour à toutes et à tous,

lorsque l'on se rend dans un pays pour du tourisme, on est souvent charmé par tout ce que l'on découvre.

Une expatriation est bien différente. Car si vivre à l'étranger est toujours une expérience très enrichissante, le parcours de tout expatrié comporte son lot de difficultés.

Aussi, quand on me demande des conseils sur la vie à l'étranger, je dis souvent qu'il faut savoir regarder la carte postale des deux côtés.

Vous qui êtes expatrié au Pérou, comment décririez-vous les deux côtés de votre carte postale péruvienne?

Merci d'avance pour votre participation,

Julien

Allez, je me lance à l'eau !!

Le Pérou est un pays plein de contrastes.
Cela fait maintenant six ans que j'habite dans ce pays et je dois reconnaître que je ne connais toujours pas encore comme je l'aimerais.
Je suis principalement cantonné dans la ville de Lima, une ville extrêmement agitée, tumultueuse, de plus en plus peuplée et au rythme de vie qui s'accélère chaque mois un peu plus.

Moi qui suis fan d'informatique, j'ai vu en à peine 6 ans les changements impressionnants auxquels nous avons eu droit, tant en ce qui concerne les prix qui sont arrivés aujourd'hui au niveau des capitales européennes, qu'au niveau d'Internet. Nous avons en effet depuis janvier la 4G chose qui en France a mis des années avant de s'implémenter. Il y a deux semaines, je me suis offert une vitesse de chargement de 70 MEGAS sur mon téléphone portable.
Et puis, non, il n'y a pas de lamas dans les rues.

S'il fallait classer le Pérou en deux colonnes, les bonnes et les mauvaises choses, je commencerai par les mauvaises, histoire de terminer cette carte postale de manière agréable.

Je mettrai en tête de liste des problèmes péruviens tout ce qui touche au domaine juridique. En effet, la justice péruvienne est certainement bien plus basée sur le cours de dollars que sur le droit romain. Dans les grandes lignes, quelqu'un de pauvre n'a aucun droit à faire valoir face à la justice péruvienne s'il a face à lui quelqu'un ayant des ressources économiques plus importantes.
Ceci est également valable pour tous les candidats à l'immigration au Pérou, ils ne connaissent pas les us et coutumes du système judiciaire ce qui les rend d'autant plus vulnérables aux arnaques et aux problèmes. Si vous passez par les services d'un avocat, sachez que ceux-ci ne sont pas du tout les représentants de l'honnêteté, bien au contraire !
Ce simple problème juridique péruvien créé, à mon avis, 80 % des problèmes que l'on peut rencontrer au quotidien. Les entreprises ne respectent pas les contrats, le droit du consommateur est bafoué en permanence, les choses les plus simples peuvent prendre des proportions interminables simplement à cause de la bureaucratie des juges et du système judiciaire.

Je mettrai en deuxième position les problèmes liés au manque de confiance que l'on peut avoir en quelqu'un. Il faut en permanence se méfier de tout le monde, ne jamais prêter un seul centime à quelqu'un sans avoir des garanties en béton, et d'une manière générale, n'accordez votre confiance qu'à une quantité extrêmement limitée de personnes. Il est à noter que le niveau de confiance n'est absolument pas lié au niveau social, oserais-je dire « au contraire ».

Dans le même registre, le manque de ponctualité du Péruvien et pour moi une source continuelle d'agacement. Rares sont les personnes capables d'arriver à leur rendez-vous de manière ponctuelle.

Sur le plan professionnel, je dirais que le Péruvien peut-être très travailleur, mais également très paresseux. De ce côté-là, nous n'avons rien à envier à la France.

Sur le plan humain, les Péruviens sont en général accueillants et chaleureux, mais, une fois de plus, faites toujours bien attention à qui vous accordez votre amitié, votre confiance votre amour. Évitez par exemple de vous amouracher d'une petite péruvienne bien sympathique que vous avez rencontrée sur une page Web, cela finit généralement autrement que par un « happy end ».
Vous trouverez, malheureusement, de nombreuses femmes (ou des hommes) qui voudront vous séduire, malheureusement pas toujours pour de bonnes raisons. À vous de faire le tri et si à un moment ou un autre cette personne vous demande de l'argent vous explique que « juste aujourd'hui » elle a eu un problème avec sa grand-mère qui est très malade, je vous conseille de zapper immédiatement. Ne confondons pas avec toutes ces personnes qui ont vraiment envie de rencontrer des gens qui viennent de pays « riches », et qui ne sont pas uniquement attirés un par des considérations purement matérielles. À vous d'être suffisamment malin pour ne pas tomber dans le panneau.

Il faut comprendre que si vous arrivez au Pérou avec 2000 €, c'est une somme colossale pour les gens d'ici. Imaginez-vous dans la situation inverse, vous êtes au RMI et quelqu'un qui gagne 30 000 € par mois s'intéresse à vous… Comment réagiriez-vous ?
Si une « mignonne petite Péruvienne des quartiers pauvres » s'intéresse à vous, ne la jugez pas systématiquement de la manière la plus négative, mais gardez les yeux ouverts et surtout méfiez-vous de sa famille. Je pourrais malheureusement vous raconter plein d'anecdotes pas très reluisantes. N'oublions pas également qu'au Pérou une jeune femme de 25 ans peut très bien s'intéresser à quelqu'un de 50 ans sans arrière-pensée, la différence d'âge n'est en effet ici pas une considération extrêmement importante. Heureusement, il y a énormément de personnes extrêmement pauvres qui ont encore un cœur et qui ne regardent pas le portefeuille avant de regarder la personne.
Ajoutons que pour 90% de la population, le mariage est la seule manière de sortir de la misère... voire du pays.

Pour le côté anecdotique, n'oubliez pas qu'au Pérou les règles culturelles ne sont pas les mêmes qu'en Europe et qu'ici une femme ne paye pas le restaurant, ne paie pas les sorties. Après tout, si elle a un homme, c'est son rôle ! Si vous voulez prendre une claque reluisante, essayez de lui dire à la fin d'un dîner en amoureux « on fait moitié-moitié ? » Je vous aurais prévenu !
Toujours pour parler d'argent, les grands chefs d'entreprise, eux, empochent des salaires qui même en France seraient considérés comme indécents. Les salaires de 30, 40, 50 000 € par mois ne sont absolument pas exceptionnels. Au sein même d'une entreprise, le salarié de base peut être payé 250 €, son chef sera payé 800 €, son supérieur peut-être 5000 €. Ceci explique aussi un taux de chômage relativement bas : n'oublions pas qu'au Pérou le chômage comme vous le connaissez en France n'existe pas, et quelqu'un qui ne travaille pas et quelqu'un qui n'a pas de revenus, qui ne mange pas. Il n'y a pas non plus d'aide sociale, de RMI, d'APL, etc. etc. etc.

Les différences sociales qui ici au Pérou sont impressionnantes. Le salaire minimum au Pérou et de l'ordre de 250 €, la santé reste bien trop souvent un luxe même si le système de sécurité sociale existe (il est cependant extrêmement lent, peu réactif et vos médicaments ne sont pas remboursés).

Les transports dans cette ville énorme de Lima sont extrêmement chaotiques Qu'il s'agisse de transports en commun, extrêmement désorganisés mais redoutablement efficace ou qu'il s'agisse de transport privé, les bouchons à Lima sont habituels, les gens roulent comme des dingues, mais si comme moi vous avez eu l'habitude de conduire en région parisienne, vous vous sentirez à l'aise !

En parlant de voiture, un véhicule d'occasion coûte relativement cher, il vaut mieux l'acheter neuf ce qui de plus vous permettra d'avoir une véritable garantie. Si vous achetez avec une occasion et qui tombe en panne le lendemain… pas de chance. Le carburant est quant à lui presque au même prix qu'en Europe, les assurances sont quant à elles bien plus économiques.
J'entends souvent des gens se plaindre de la bureaucratie interminable, c'est oublié un peu vite la bureaucratie française qui n'est pas évidente non plus !
Je dirais que ces quelques petits éléments sont pour moi les côtés négatifs de ce pays qui a plein d'avantages et de choses extrêmement agréables. Si je devais faire la liste des côtés négatifs de la France, je pense que ma liste serait certainement du même acabit.

Passons maintenant aux choses agréables.

Je noterai, dans le désordre, une allégresse générale bien plus visible qu'en Europe, une capacité de faire face aux situations les plus complexes que les Européens ont hélas perdu depuis trop longtemps, que c'est un pays dans lequel il est agréable de voyager et dont les paysages sont très variés, les campagnes sont agréables et les gens y sont nettement plus chaleureux que dans les grandes villes.

La nourriture y est excellente, mais malheureusement peut devenir très rapidement hors de prix si vous vous cantonnez aux restaurants de luxe. Il ya de très bons « petits » restos populaires excellents !
Bien évidemment, chers amis français, vous aurez peut-être un peu de mal à retrouver votre cassoulet, votre camembert, votre baguette et votre pinard habituel, mais si c'est pour vous installer au Pérou et vouloir vivre qu'en France, restez chez vous !

Si vous désirez habiter dans une ville comme Lima, vous verrez que le climat est très agréable bien qu'il manque un peu de soleil entre le mois de juin et novembre ; la température est rarement inférieure à 13° est rarement supérieure à 30°. Chose exceptionnelle, à Lima la capitale, il ne pleut pour ainsi dire jamais. A Ica, au sud, il pleut en moyenne 1 mm par... an!
Si vous cherchez le climat plus frais et varié, pouvez-vous rendre dans une région comme celle de Cusco ou d'Arequipa, si par contre vous êtes amateur de climat exotique, la ville d'Iquitos ou de Piura conviendra parfaitement.

En parlant de la capitale, je conseille à tout le monde de prendre un guide touristique, de le mettre à la poubelle, de découvrir la ville, de s'y perdre, essayez d'apprécier les choses à leur juste valeur sans perdre votre temps à les comparer à votre pays. Essayez de faire cette balade dans les rues de Lima accompagné de personnes connaissant les endroits dans lesquels il vaut mieux ne pas se perdre. Laissez de côté votre Rolex, vos chaussures à 500 €, votre appareil photo dernier cri qui pourrait nourrir une famille pendant six mois. En un mot, n'exhibez pas vos richesses, parce que même si vous êtes un smicard en France, dites-vous bien que votre salaire « de misère » représente six mois de travail pour un Péruvien de base. Sachez rester humble, ne prenez pas les gens pour « des pauvres gens » et ne leur parlez pas comme s'ils étaient débiles. Essayez, vous aussi, de faire un effort et d'apprendre quelques mots d'espagnol.

Pour ceux qui ont lu certains de mes billets sur ce forum, vous verrez que je ne suis pas tendre, ni avec le Pérou ni avec les candidats à l'immigration. Le Pérou est un pays qui a ses règles et qui a ses lois, elle s'applique à tout le monde, même aux Français.
J'ajouterai enfin que même si ce pays est un lieu très agréable, il reste néanmoins un pays extrêmement dur à vivre pour les gens qui ne sont pas préparés ou qui ne sont pas prêts à renoncer à tous les privilèges dont ils bénéficient dans les pays riches, notamment en France.

Si vous êtes prêts à vous adapter, a renoncé peut-être un rythme de vie auquel vous vous étiez habitués (en tout cas lors des premières années d'installation) vous trouverez ici un pays agréable, accueillant, divertissant, et vous apprendrez très probablement à relativiser de nombreux problèmes qui peut-être autrefois vous paraissaient insurmontables.
Cela fait six ans que j'habite au Pérou, et je n'ai aucunement l'envie de rentrer en Europe. Il y a deux ans, je suis revenu en région parisienne pour quelques jours, et en même pas 24 heures, je me suis très bien souvenu de la raison pour laquelle je suis parti !

Je suis à votre disposition pour toutes les questions (intelligentes - évitez la question ridicule « Je viens d'arriver au Pérou, comment je fais pour travailler », je risque de vous envoyer balader sans beaucoup de tact).

Je suis arrivé il y a quelques mois,je suis dŽaccord avec le portrait dressé par Batman93.Je nŽy vois pas dŽexagérations sur les points négatifs.jŽai déjà  ressenti tout cela.
Je pourrais ajouter mais jŽespère que ce ne sera pas une impression définitive que les péruviens(du moins ceux qui co-habitent dans la résidence) ne sont guère aptes au dialogue et la violence à fleur de peau est toujours prête à bondir.Le bruit fait partie de lŽambiance naturelle,la pollution semble être le dernier des soucis.En matière dŽéducation des enfants,on imagine facilement comment seront les péruviens de demain.

Suivre les conseils avises de l'ami Batman que simplement je copie sans meme citer pour ne pas deformer les propos, un point de plus Perou c'est un grand pays, beaucoup a faire et beaucoup a voir mais ne venait pas ici chercher el dorado, Paititi c'est pour les reveurs qui en general terminent tres mal leurs reves de vie facile.
Venez travailler au perou si et seulement si vous pensez que vous pouvez aporter un plus au pays, si vous venez en plan parasites ici au cas ou y'a pas les alloc le r(e)mi ou les prestations de la Securite sociale.
Venez prepare et planifie votre immigracion avec intelligence, bonne chance a tous
Yann

C'est marrant, il y encore 2-3 ans on me disait que je me trompais lourdement.
Là, discours opposé !
Probablement que les bisounous du début sont repartis s'abreuver du système social français et que les autres ont survécu.
Bravo !

En réponse a "restonsmodeste", oui... tout dépend où tu te mets...
Si tu vas vivre a La Courneuve... pas sur que tu trouves la France bien différente !

Très bonne analyse de Batman, ça sent le vécu et je suis content de voir que cette fois tu as mis autant de points positifs que négatifs !

Non mais de toutes façons il est très bénéfique pour le forum d'avoir quelqu'un comme toi qui enlève un peu le côté carte postale du Pérou, une fois de plus vivre au Pérou et y passer quelques mois en touriste c'est le jour et la nuit.

Le Pérou c'est un vrai pays d'aventurier qui combine le libéralisme sur le modèle US avec des valeurs chrétiennes très présentes, le tout mélangé à la culture chincha et aux autres cultures du Pérou. Il faut aussi noter l'influence des immigrés des autres pays dont les influences sont notables sur le Pérou du quotidien comme c'est par exemple le cas pour les chinois avec les fameuses chifas.

cette fois tu as mis autant de points positifs que négatifs !


J'ai fait ça ??? OOOps ... tout fout le camp, je me fais vieux !!!

Bonjour, il est souvent difficile de gagner sa vie dans "les pays pauvres"... si vous n'avez votre propre business.

Pour le reste, la France ne me manque pas tant que cela!!

Abrazo a todos.

Pour ce qui est de l'installation et de l'entrée de plein pied dans le formel (la seule bonne idée),
il faut savoir qu'un des mystère des Andes a été récemment élucidé: c'est du papier (formulaires, documents administratifs, éléments comptables etc). C'est une boutade bien évidemment mais elle illustrera d'emblée ce à quoi il faut s'attendre de ce côté.
Un des travers des fonctionnaires locaux est très souvent de ne pas vous donner la liste complète des documents à présenter pour obtenir ceci ou cela de leur part ou de la part de leur administration.
Et donc si vous n'y prenez garde et ne posez pas deux ou trois fois la question de savoir si vous présentez ce les documents que l'on vous demande et rien d'autre, vus aurez effectivement immédiatement ceux que vous demandez.
La plus part du temps on vous dira alors qu'il faudra aussi apporter tel ou tel autres documents additionnels. N'hésitez pas à demander si c'est bien tout une ou deux fois supplémentaires. Sachant que si vous ne le faites pas vous risquez de devoir refaire les différentes files qui vous ont amené jusque là. Aussi, si ce n'est pas votre tasse de thé que de passer votre temps dans les files c'est le premier conseil que je puisse vous donner. Le second est d'être attentif et précis et de ne rien oublier bien évidemment. Sinon vous irez de déconvenue en frustration ou énervements inutiles.
Mieux si vous avez d'autres documents avec vous (qui ne vous ont pas été demandé). N'hésitez pas à les prendre avec vous avec des photocopies. Cette précaution m'a souvent évité des aller et retour inutiles.
Attention si vous emmenez certains documents de Belgique, n'oubliez pas que la langue locale n'est pas le français. Il vous sera donc souvent demandé une traduction assurée par un traducteur juré. (Au Pérou il y a des listes de traducteurs jurés selon les langues à traduire)
Des documents comme des extraits d'actes de naissances et autres devront parfois aussi avoir la certification de la signature et l'apostille (payante) qui va de pair.
Attention dans les démarches que vous devrez faire pour vous installer au Pérou, il y aura le passage obligé par interpol pour s'assurer que vous n'avez pas d'antécédents ou n'êtes en tout état de cause pas recherché en Belgique ou dans votre pays d'origine. Il sera aussi pris différentes de vos empreintes dont digitale (par système digital ou par encrage des doigts) ou aussi dentaire en plus de photographie avec numérotation souvent de face et de profil.
Il vous faudra bien déterminer si vous voulez obtenir votre permis de séjour, votre visa de résident comme: investisseur (créateur d'entreprise), employé, pensionné, par le fait de votre mariage avec un(e) péruvien(ne) etc.
Sachez aussi que si vous cherche un emploi, les contrats internationaux sont généralement beaucoup plus avantageux (salaires plus élevés, déménagement, frais de scolarité( qui peuvent être assez élevées dans des collèges comme le Franco-péruvien.), billets A/R une fois par an (ou avec une autre fréquence déterminée) assumé par l'entreprise) que les contrats qualifiés de locaux.